Japon, l’esprit et la lettre: les souvenirs d’Hokkaido de Michael Kenna

© Michael Kenna
Michel Verlinden
Michel Verlinden Journaliste

Découverte par une froide et sombre soirée d’automne, Japon, l’esprit et la lettre éblouit, au sens propre. D’une blancheur étincelante, la box galerie a tout du phare dans la nuit. On pourrait parler d’un fulguropoing visuel, référence au Pays du Soleil levant oblige. Au plafond, les néons propulsent dans un autre espace-temps. Le visiteur est comme flottant, effleurant des pieds un sol aux contours quasi enneigés. Les murs égrènent des images, celles que Michael Kenna a réalisées principalement au nord du Japon (l’île d’Hokkaido), rythmées de contrepoints calligraphiques signés Satoru Toma, tandis que la voix éraillée de Tom Waits se charge d’amplifier l’introspection.

L’harmonie est totale, elle a l’allure d’une petite épiphanie, prolongée qu’elle est par des pièces en céramique de Jérôme Beurier, Françoise Fanny Cludts, Agnès de Vinck ou encore Pascaline Wollast. Tel un gesso, les parois immaculées font danser des paysages, au centre desquels on trouve souvent des arbres, au-devant de l’œil du regardeur. À certains endroits, la précision est diabolique, à d’autres, c’est le flou qui l’emporte, ajoutant au vertige d’un réel ouaté.

On doit ce double régime -c’est une feuille explicative qui nous l’apprend- à de longs temps de pose (suivis de tirages argentiques réalisés par Kenna lui-même). L’impression qui se dégage de cette immersion inattendue ne doit pas être très loin de celles qu’enseignent les moines zen lorsqu’ils posent la question: “Quel est le poids d’un flocon de neige?”.

Michael Kenna, box galerie, à Bruxelles. Jusqu’au 23/12.

***1/2

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