Myriam Leroy
Myriam Leroy Journaliste, chroniqueuse, écrivain

20.45 LA UNE

RÉALISÉ PAR PHILIPPE VENAULT. AVEC THIERRY GODARD, VALÉRIE DECOBERT-KORETZKY, WERONIKA ROSATI.

Drôle de registre que celui dans lequel joue la Dame de pique. Ce téléfilm, tiré d’un roman d’Alexis Lecaye, navigue en eaux troubles, entre Julie Lescaut (pour l’atmosphère provinciale -alors que l’intrigue se déroule à Paris- et les bureaux de police décrépits) et Braquo (pour le versant sombre de certains personnages). Pas dénué d’intérêt en tout cas, avec ses affaires aux ramifications multiples.

Et pourtant, dès les premières secondes de cette fiction policière coproduite par la RTBF et France 2, le suspense est éventé. On sait qui est le tueur. Ou plutôt la tueuse, puisque c’est une jeune femme (interprétée par l’actrice polonaise Weronika Rosati, beauté froide absolument hypnotisante) qui fait méthodiquement le ménage par le vide dans sa vie et celle de ses proches. Tout l’enjeu de Dame de pique étant de découvrir pourquoi cette fille d’ambassadeur bien propre sur elle mène une vendetta aussi violente.

Le commissaire Martin enquête sur cette série de meurtres, épaulé par une adjointe aussi pugnace qu’enceinte. D’ailleurs c’est bien simple, toutes les femmes ou presque qui gravitent autour du policier sont sur le point d’accoucher -sa fiancée, sa fille…

Rien qui ravive néanmoins l’appétit de vivre de Martin (Thierry Godard), homme blessé au propre comme au figuré, naufragé de l’amour à la dérive… Un héros bancal et rugueux comme la fiction française semble les aimer actuellement, pour une minisérie ni trop manichéenne ni trop glauque, pas maniérée pour un sou, jouée par des comédiens impeccables (mention spéciale à la trop rare Valérie Decobert-Koretzky dans le rôle de l’adjointe du commissaire), et qui, ô bonheur, ne singe pas les séries américaines.

C’est-à-dire qu’ici, les policiers se saluent lorsqu’ils se croisent, sont parfois maladroits, se lancent dans des courses-poursuites qui n’ont rien de décoiffant, et baignent dans un univers où la technologie n’a pas encore tout à fait pris la place de l’Homme. Moins glamour que Les Experts ou Esprit criminels, évidemment… mais tellement plus piquant.

MYRIAM LEROY

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content