Cycling Matilda

The Invisible Frame © film galerie

La plateforme Mubi consacre un cycle à Tilda Swinton, proposant, aux cotés de Amore ou Suspiria, une sélection de courts métrages inédits.

La ressortie, cet été, de Memoria, exercice funambulesque tourné en Colombie par Apichatpong Weerasethakul, est encore venue le rappeler: Tilda Swinton compte parmi les comédiennes les plus fascinantes de sa génération, un mystère que la caméra ne se lasse pas de sonder. En attendant de la retrouver mi-septembre dans Three Thousand Years of Longing, de George Miller, la plateforme Mubi lui consacre un cycle où, aux côtés de titres plus connus de sa filmographie, trois courts métrages viennent témoigner d’une curiosité esthétique jamais prise en défaut.

Film de fin d’études de Joanna Hogg (future réalisatrice du diptyque The Souvenir, avec Tilda Swinton toujours, la réalisatrice et l’actrice s’étant encore retrouvées récemment pour The Eternal Daughter), Caprice (1986) projetait Lucky, une jeune fashionista, dans les pages de son magazine de mode préféré à l’invitation de sa cover girl. Et de naviguer au gré des différentes rubriques, d’une collection en Technicolor à un tunnel en noir et blanc aux contours expressionnistes, le temps d’une fantasmagorie fleurant bon les années 80 et leur esthétique pop. Le tout illuminé par la fraîcheur juvénile d’une actrice débutante apparaissant encore au générique sous le nom de Matilda Swinton.

Films-miroirs

Cycling the Frame et The Invisible Frame sont, pour leur part, deux films-miroirs tournés à 20 ans de distance par Cynthia Beatt à Berlin. Tilda Swinton y enfourche une bicyclette pour faire le tour du Mur, présence irréelle et trop réelle en 1988, dont subsiste la trace inscrite à même le sol en 2009, comme la mémoire vive de l’Histoire. La géographie de la ville s’y déploie au départ de la porte de Brandebourg au rythme de son coup de pédale, barrée par cette cicatrice de béton dans le premier volet, ouverte dans le second. Et les deux films, où alternent bâti, espaces bucoliques et étendues aquatiques, de prendre le pouls de Berlin afin d’en enregistrer les mutations, celles du paysage urbain comme celles de l’humeur l’enveloppant. Un périple psychogéographique adoptant, par endroits, la forme d’une méditation contemplative paisible, et pouvant prendre un tour poétique quand Tilda Swinton convoque Robert Louis Stevenson ou William Butler Yeats. À quoi Cynthia Beatt ajoute, si besoin, une résonance toute contemporaine en dédiant The Invisible Frame au peuple palestinien. Troublant.

Caprice

De Joanna Hogg. Avec Tilda Swinton, Patti Palladin. 1986. 28 min.

Cycling the Frame

De Cynthia Beatt. Avec Tilda Swinton. 1988. 27 min.

The Invisible Frame

De Cynthia Beatt. Avec Tilda Swinton. 2009. 59 min.

7

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