Critique

Lady Di, Jean Rouch, Un pigeon (…): ce qui vaut le détour à la télé ce soir

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Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Lady Di, la femme qui s’était trompée de vieJean Rouch: cinéaste aventurier et Un pigeon perché sur une branche philosophait sur l’existence: ce mercredi, deux docus et un film qui a remporté le Lion d’Or.

Lady Di, la femme qui s’était trompée de vie

Documentaire de Gérard Miller et Anaïs Feuillette. ***

Ce mercredi 23 août à 20h55 sur France 3.

Vingt années se sont écoulées depuis cette nuit du 31 août 1997, où le destin de Diana Spencer, aka Lady Di, s’est fracassé contre le 13e pilier du tunnel de L’Alma, à Paris. Comme la cire sur ces bougies au vent que chantait Elton John lors de ses funérailles, son souvenir est à la fois figé et fragile, cassable et malléable à merci. Le documentaire réalisé par Gérard Miller et sa compagne Anaïs Feuillette est une récapitulation un peu idolâtre de l’histoire de cette femme moderne, petite fiancée de l’Angleterre, ex-future Reine, passionaria puis victime des tabloïdes, grain de sable têtu dans les rouages de la monarchie anglaise, objet toujours aujourd’hui de fascination et de théories du complot. Journalistes, biographes et historiens anglais ou français sont convoqués pour retracer le destin de cette pauvre petite fille perdue, née dans une famille violente, rejetée par ses parents et jetée dans les bras de Charles, Prince de Galles, avant de devenir la coqueluche des médias, puis le cauchemar de Buckingham. Le souvenir vacillant de ce personnage contrasté est malheureusement complètement étouffé sous les commentaires ampoulés et la voix de Gérard Miller, qui tiennent plus du vicaire étriqué, du professeur de morale que du conteur habité. N’est pas Frédéric Mitterrand qui veut. (N.B.)

Jean Rouch: cinéaste aventurier

Documentaire de Laurent Védrine. ***(*)

Ce mercredi 23 août à 22h55 sur Arte.

Lady Di, Jean Rouch, Un pigeon (...): ce qui vaut le détour à la télé ce soir

Jeune ingénieur des ponts et chaussées qui étouffe dans un pays occupé, Jean Rouch part pour le Niger en 1941 et se met rapidement à faire des études ethnologiques. L’esprit cartésien se met à douter. Au Niger, Rouch a découvert ceux qu’ils considèrent comme les derniers hommes heureux -un paradis, un bonheur qu’il ne trouve pas ailleurs. Qu’ils vivent dans la famine ou l’abondance, la richesse ou la pauvreté, ils sont heureux parce qu’ils n’ont pas peur de la mort. Rouch se met à faire des films et refuse l’exotisme. Il montre des rituels à l’état brut qu’il saupoudre de commentaires très personnels, fait découvrir à l’Europe la culture africaine. Le documentaire de Laurent Védrine raconte le grand-père du cinéma nigérien. Un homme qui a découvert le septième art avec Nanouk l’Esquimau et ne pouvait vivre sans eau. Qui prenait son temps mais ne tenait pas en place. Tournages aux allures de virées entre potes. Films complètement dingos. Équipe légère, budget minime, décors naturels… L’occasion de découvrir un étonnant aventurier, une influence majeure de la Nouvelle Vague disparue à 86 ans dans un accident de voiture au Niger. (J.B.)

Un pigeon perché sur une branche philosophait sur l’existence

Comédie dramatique de Roy Andersson. Avec Holger Andersson, Nils Westblom, Charlotta Larsson. 2015. ****

Ce mercredi 23 août à 23h55 sur Arte.

Lady Di, Jean Rouch, Un pigeon (...): ce qui vaut le détour à la télé ce soir

Le Suédois Roy Andersson est sans aucun doute l’un des cinéastes les plus singuliers de notre temps. Son excentricité profonde ne saurait qu’être imparfaitement définie. Disons, pour en donner une idée, qu’il tient de Jacques Tati pour l’humour burlesque ralenti, d’Aki Kaurismäki pour le décalage philosophique et du film de fantôme car les personnages (tous très pâles) rappellent des morts-vivants… Un pigeon perché sur une branche philosophait sur l’existence s’inscrit dans la lignée sombrement poétique et tristement drôle de Chansons du deuxième étage et de Nous les vivants. Deux marchands ambulants, représentants en farces et attrapes, nous y emmènent dans une suite de scènes tragi-comiques éclairant absurdement la destinée humaine. En 2014, le Festival de Venise en a fait son Lion d’Or. (L.D.)

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