CINÉMA ET COURSE AUTOMOBILE ONT SOUVENT FAIT BON MÉNAGE. LE RUSH DE RON HOWARD L’ILLUSTRE ENCORE AUJOURD’HUI.

S’il fallait une nouvelle preuve de l’attrait de la course automobile pour le cinéma, il y en aurait… deux! Car le très spectaculaire et tout aussi épatant Rush de Ron Howard (lire critique page 30) déboule sur nos écrans dès mercredi prochain, avec ses épreuves de Formule 1 haletantes, rappelant la formidable rivalité entre Niki Lauda et James Hunt dans le championnat 1976. Et il ne faudra que trois petites semaines de plus pour que sorte Turbo, le dernier film d’animation proposé au public familial par la compagnie DreamWorks. Le scénario y réussit la quadrature du cercle en faisant un champion d’un… escargot. La lenteur incarnée devenant symbole de vitesse! Un paradoxe sur roues comme pour prouver par la réunion des extrêmes toute la puissance du rêve s’incarnant sur un circuit parcouru par des bolides lancés vers le drapeau à damier.

Cette puissance, le cinéma, singulièrement l’américain, n’a pas manqué d’y puiser une inspiration (une aspiration serait plus littéralement juste) dont le souffle récent a produit des triomphes comme le diptyque animé Cars et la déjà longue saga de Fast And Furious.

La course automobile est née en France, à la fin du XIXe siècle. On date les premières épreuves autour de 1895. C’est-à-dire au moment même où ont lieu les premières projections du cinématographe Lumière! Exacts contemporains, le cinéma et la course de voitures ne pouvaient que se rencontrer fréquemment… et à toute vitesse!

Avant que le monde de la compétition automobile ne capte son attention suite à ses développements sportifs, économiques, médiatiques et populaires surtout, le 7e art avait aimé filmer les poursuites entre flics et gangsters. Celles, follement burlesques, des Keystone Cops de Mack Sennett dans les années 1910. Puis celles mettant en vedette les fameuses tractions avant du polar français, et les bolides du film noir américain, ralentissant à peine pour faire gicler de meurtrières rafales. Mais la course en elle-même n’inspira jusqu’à l’après-Seconde Guerre mondiale que des fictions mineures telles l’américain The Racing Strain (1932) ou le britannique Grand Prix (1934), moins intéressants que le « muet » Speedway de 1929, où un père et un fils s’affrontent sur le circuit mythique d’Indianapolis. Un seul film se dégage vraiment de cette période: The Crowd Roars de Howard Hawks (1932) avec ses impressionnantes séquences de course où la star du film, James Cagney, est remplacée au volant par Harry Hartz, un champion spécialiste des prestigieux 500 miles d’Indianapolis. Un remake, Indianapolis Speedway, en sera tourné sept ans plus tard avec Pat O’Brien dans le rôle du pilote à succès.

Stars et vitesse

La véritable percée du film centré sur la compétition et sur les champions allait se produire dans les sixties et surtout les seventies. Mais ce fut une voiture qui s’imposa la première comme vedette: « Herbie », la Volkswagen Coccinelle « héroïne » de la longue série de chez Disney. De The Love Bug (1968) à Herbie: Fully Loaded (2005), pas moins de six films auront narré les aventures de cette bagnole de course dotée de traits… humains!

Le premier grand événement fut le Grand Prix de John Frankenheimer, en 1966. James Garner y pilote (notamment contre un rival joué par Yves Montant) une monoplace sur les circuits de Formule 1 et avec la complicité des organisateurs ouvrant à l’équipe de tournage tant Monza que Brands Hatch, Monaco et… Spa-Francorchamps. Pour un acteur, jouer un pilote devenait chose désirable. Surtout quand l’acteur en question était fan de vitesse comme Steve McQueen se lançant dans Le Mans (1971) dans le baquet d’une Porsche 917 pour un film mémorable signé Lee H. Katzin. Jeff Bridges le suivit de près avec l’attachant The Last American Hero (1973), situé dans le monde du NASCAR, compétition américaine se disputant sur d’impressionnants « anneaux ». Al Pacino fit belle impression lui aussi dans Bobby Deerfield (1977), où Sydney Pollack lui file le volant d’un champion de F1 tombant amoureux d’une jeune femme leucémique… La décennie s’achevant sur un petit film intitulé Fast Company, situé dans le circuit des dragsters et réalisé par un certain… David Cronenberg. Lequel a longtemps voulu consacrer un film à Ayrton Senna, ce que fit -en mode documentaire- Asif Kapadia en 2011.

La suite fut moins faste (et moins furieuse). On s’en voudrait portant de ne pas relever le charisme de Tom Cruise dans Days Of Thunder (1990), où le circuit de Daytona se révèle un cadre fascinant. Ou la surprise Will Ferrell dans Talladega Nights: The Ballad Of Ricky Bobby (2006), le comique incarnant un as du NASCAR défié par un pilote français que joue… Sacha Baron Cohen! Sylvester Stallone ayant foncé dans le mur pour le massacré Driven (2001) de Renny Harlin, ultime tentative d’une star pour animer une course qui serait bientôt dominée par les « franchises », pixellisées (Cars) ou inspirées des jeux sur console (Fast And Furious)…

TEXTE Louis Danvers

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