Maurice Pialat: la main, les yeux

 » La main de Maurice Pialat est mieux connue comme poing. Le 20 mai 1987, sur la scène du Festival de Cannes, Sous le soleil de Satan reçoit la Palme d’or ainsi qu’une volée de sifflets, et Pialat tend le poing. Mais l’essentiel est de part et d’autre, dans la main qui dit adieu à son personnage, ou étale du bleu pour en faire un ciel. » C’est par ces mots que s’ouvre Maurice Pialat: la main, les yeux, essai que consacre le critique de cinéma Jérôme Momcilovic au réalisateur de L’Enfance nue. Arpentant sa filmographie et au-delà, l’auteur y trouve matière à des réflexions diverses, venues composer un portrait éclaté mais cohérent de celui qu’il pose comme le cinéaste de l’abandon, Pialat se définissant lui-même comme un « abandonnique ».  » L’abandonné est celui pour qui l’oeil a remplacé la main, et qui regarde ce qu’il ne lui est pas, ou plus, permis d’appréhender. C’est, à jamais, un regard d’enfant« , postule-t-il, trouvant là un motif fécond parmi d’autres.  » Il y a chez Pialat, répartie entre l’exigence qu’il imposait à ses films et la facétie belliqueuse de ses prises de parole, une obsession de la vérité aussi tenace que sincère » , rappelle-t-il plus loin, questionnant le naturalisme à l’oeuvre chez le cinéaste. Non sans, au passage, faire de ce dernier le compagnon de mélancolie de Jean Eustache et Michael Cimino, raccorder le final de Van Gogh à celui de L’homme qui tua Liberty Valance, s’attarder sur son goût jamais démenti des films fantastiques (avec, au mitan des années 50, l’écriture d’un scénario de SF, Les Formes) ou sur l’héritage des frères Lumière. Autant de pistes qui font de cet essai une invitation irrésistible à revoir les films…

De Jérôme Momcilovic, éditions Capricci, 128 pages.

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