Marina A

Voir une performance de Marina Abramovic, c’est se demander si l’on est face à une provocation pure ou à une exécution humaniste de génie. La papesse du body art n’a eu de cesse de mettre son corps en danger, soumettant parfois son intégrité à la bienveillance ou au sadisme des spectateurs invités à la caresser d’une plume ou à la menacer d’une arme. Paul Gachet, narrateur de Marina A, a connu ce même trouble après la visite à Florence d’une rétrospective consacrée à la Serbe. Si les mutilations répugnent ce chirurgien, il restera, jusqu’à deux ans plus tard, perplexe des motivations profondes de l’artiste, notamment lors de ses douze années de collaboration artistique et intime avec Ulay. Des photos des performances du couple produisent un effet sismique et organique chez le soignant, le mari et le père qu’est Paul Gachet.  » Chaque fois que Marina A se trouvait sur mon chemin, j’avais la sensation de frôler une vérité comme on frôle une catastrophe. » Nul doute qu’Éric Fottorino, journaliste (Le 1 et America) et romancier, transcrit ici son propre bouleversement. Un coup de foudre artistique qui nous parle par la bande de notre rapport au corps, à la mort, aux autres. Coincé derrière un double, il pèche sans doute de délit d’initié au travail d’Abramovic, mais nous rappelle en ces temps culturels incertains, l’effet que produisent sur nous les oeuvres d’art.

D’Éric Fottorino, éditions Gallimard, 176 pages.

7

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content