De House aux Desperate Housewives, les héros de nos feuilletons font rarement figure de jeunes premiers. Les séries TV sortent les acteurs quadras de l’anonymat.

Peut-on devenir une star quand on est grisonnant, ridé et ventripotent? Le petit monde de la série télé a l’air de confirmer cette thèse de quadragénaire obstiné et entretient pour quelques temps encore les doux rêves d’enfants. Hugh Laurie, 50 bougies. Simon Baker, 40 berges. Patrick Dempsey, 44 balais. C’est vrai. On ne fait souvent pas gaffe à leur nom même en se coltinant chaque semaine les génériques. Mais tout le monde connaît les visages de Gregory House (le spécialiste le plus ignoble de l’histoire de la médecine), Patrick Jane (le mentaliste) et Derek Shepherd (le docteur mamours de Grey’s Anatomy) et ils sont loin de passer pour de jeunes premiers.

Tous 3 ne se sont fait connaître du grand public que sur le tard. Enchaînant les pièces de théâtre, les téléfilms et les petits rôles plus ou moins miteux avant de devenir des poids lourds de l’industrie, des acteurs bankable comme on dit quand on a un cerveau en forme de tiroir-caisse. Des chiffres? House est le troisième acteur de série télé le mieux payé des Etats-Unis. Il touche environ 400 000 dollars (282 000 euros) par épisode. Le même cachet que le duo Mariska Hargitay (46 ans)-Chris Meloni (49 ans) de New York Unité Spéciale.

Il fut une époque où la trentaine vous transformait en croûton et la quarantaine vous mettait en miettes. Aujourd’hui, l’homme le plus puissant du monde ou pas loin commence par embaucher un papy de 81 ans pour tenir les rênes du conseil économique de la maison blanche et TF1 (même s’il nie en bloc) semble essayer de vieillir Laurence Ferrari pour fidéliser la ménagère qui plébiscite Claire Chazal. C’est quand même un peu dans l’air du temps. De nos jours, on est plus rassurés par la sagesse des vieux que l’enthousiasme des jeunes.

TV vs ciné

Le phénomène ne date pas d’hier. La télé a toujours été plus proche des gens et de leur quotidien. Puis, elle a toujours eu ce petit côté « gérontophile ». Dans les années 80, Fred Dryer avait déjà une calvitie naissante (et pratiquement 40 berges) quand Rick Hunter patrouillait avec Dee Dee McCall. Tandis que Richard Dean Anderson avait déjà soufflé ses 35 bougies lorsqu’on découvrait les bombes au Frizzy Pazzy de MacGyver.

Si le cinéma guette les gamins sans maturité et sans expérience, prône un jeunisme qui reflète la peur de vieillir et évite soigneusement d’offrir un premier rôle à quiconque dépasse la trentaine sans s’appeler Damon, Cruise ou Clooney, les séries télé se veulent bien plus aventureuses dans leur contenu et leur casting.

Certains ont beau penser que les hommes prennent de l’épaisseur et de la profondeur avec l’âge là où ces dames se fanent, les producteurs de feuilletons n’aiment pas seulement les vieux inconnus. Ils sont aussi, sans doute un peu moins, attirés par les vieilles. Les Desperate Housewives et Sex and the city, 2 des plus plébiscitées séries télévisées de ces dernières années, ont tout de même braqué les projecteurs sur les rides naissantes de Felicity Huffman (Lynette), Kristin Davis (Charlotte) et Cynthia Nixon (Miranda). La preuve quelque part qu’on pourra toujours faire du neuf avec du vieux… l

DE julien broquet

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