Le rapport sexuel n’existe plus

Un informaticien d’une grande entreprise s’évade dans des rêveries érotiques où il s’éprend allegro d’une contrebassiste. Las, leur désir ne s’accordant pas, le rapport sexuel ne peut avoir lieu et il doit se contenter de la voir peloter un peu sa grand-mère. Tandis qu’il l’espionne sur les réseaux – « avouez que c’est quand même pratique Internet »-, le quinquagénaire soliloque face à son lecteur, « allant de déception sentimentale fictive en chagrin d’amour imaginaire, de recherches infructueuses en prospections stériles ». Deux ans plus tard, on retrouve notre homme éploré. La veille, la femme de sa vie l’a quitté… Faisant son âge (52 ans), son poids (0,145 tonne), ses dents, sa psychanalyse, sa rupture surtout, Philippe De Jonckheere tente d’épuiser le sujet de la masculinité vacillante. « Mais auprès de qui consulter quand on consulte déjà? » Ravivant l’intérêt pour l’autofiction, cabinet de curiosités où le masochiste apprivoise les réminiscences, De Jonckheere ( Une fuite en Égypte) décortique, à bouche que veux-tu, les stigmates du dépit amoureux – « on fait de ces trucs des fois! » Convoquant le souvenir d’ Au- delà de cette limite votre ticket n’est plus valable de Romain Gary, le créateur du site désordre.net accoste sur les rivages incertains de l’andropause pour « faire résonner la tringlerie de cette affaire ». Tour à tour agacé, amusé, séduit (ces cascades de digressions, adresses au lecteur, notes de bas de page), on finit par s’éprendre de cette cantate pour soliste en open space. Recommandé.

De Philippe De Jonckheere, éditions Inculte, 300 pages.

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