MATTHIAS SCHOENAERTS EST LA RÉVÉLATION DU NOUVEAU FILM DE JACQUES AUDIARD, DE ROUILLE ET D’OS, EN COMPÉTITION À CANNES. PROCHAINE ÉTAPE: LES ETATS-UNIS POUR TOURNER LE REMAKE DES LIENS DU SANG…

Matthias n’a pas quitté sa bonne ville d’Anvers, où il nous reçoit plus cool que jamais. Le nom Schoenaerts s’inscrit pourtant ces jours-ci en lettres de feu sur les écrans cannois, où il brille dans De rouille et d’os, le nouveau film de Jacques Audiard, avant de le faire à Hollywood avec le remake des Liens du sang, qu’il tournera dès le mois prochain! Le jeune et très doué comédien flamand s’exporte désormais à merveille, lui qui est excellent trilingue. C’est d’ailleurs en français qu’il témoigne de son travail avec le réalisateur d’ Un prophète, pour lequel il incarne avec force un costaud passant des emplois dans la sécurité aux combats clandestins tout en élevant son jeune fils et en nouant une relation avec une jolie femme (Marion Cotillard) meurtrie et mutilée par un accident.

Quels mots vous viennent-ils à l’esprit pour parler de Jacques Audiard?

Intense, brut et fin.

Et pour votre personnage dans son film?

En fait, les mêmes.

Comment vous êtes-vous retrouvé dans De rouille et d’os?

Tout a commencé par un casting, puis la nouvelle que Jacques voulait me rencontrer. Nous avons travaillé ensemble pendant deux jours, sur des scènes que j’avais préparées, et sur des impros. J’ai senti qu’une dynamique s’était déclenchée. Plusieurs semaines après, il m’a appelé et il m’a dit qu’il voulait me confier le rôle. Ce que j’ai ressenti à ce moment est indescriptible…

Votre personnage donne des coups mais il en prend aussi beaucoup, comme si le destin s’acharnait sur lui. Mais il n’y a aucun misérabilisme…

Pas de pathos, non. On est dans la survie, avec des gens qui tombent et qui se remettent debout. Avec Jacques, on s’est dit dès le début que le personnage devait être quelqu’un de simple, quelqu’un de sincère, mais particulièrement codé. Avec des codes un peu étranges. Un type honnête, tendre et en même temps brutal. Quelqu’un d’ambigu, pas quelqu’un d’ordinaire ou de vulgaire. La scèneclé, qui le définit à mes yeux, est celle où il demande à Stéphanie ( Marion Cotillard, ndlr) si elle a envie de baiser. C’est à la fois marrant, complètement à côté de la plaque, avec un petit quelque chose de charmant qui fait qu’on pense qu’elle pourrait dire oui. Si on n’attaque pas cette scène de la bonne façon, le personnage apparaît simplement con, et vulgaire. Et alors, comme le dirait Jacques:  » C’est pas bandant! » Il me fallait rester toujours simple, toujours sincère. Il n’y a pas d’autre clé pour moi que d’être vrai. Etre vrai et ne jamais juger. C’est un combat de ne pas entrer dans le jugement. Un combat nécessaire si on veut incarner vraiment, créer quelque chose de juste et d’humain, pas un archétype.

A quoi ressemble le plateau d’un film de Jacques Audiard? L’atmosphère y est calme, relax? Ou alors plutôt lourde et tendue?

Sur son set, ça ne dort pas! Il allume le truc et ça doit bouger, tout le temps et dans tous les sens! Il faut que ça vive, et que ça vive intensément, ou alors il devient dingue… Jacques, il veut la totale. Ses comédiens doivent être aux aguets en permanence, être réceptifs à ce qu’il dit, et apporter leurs idées. C’est tout ou rien, il n’y a pas de milieu.

Il met la pression sur les acteurs?

Sans cesse! Il propose plein de choses, mais il veut que vous lui proposiez des choses aussi. Il veut un échange créatif ininterrompu. Il dit toujours:  » Mes films, c’est mes acteurs! Sans eux, pas de personnages, et je peux tout foutre à la poubelle…  »

Une expérience émotionnelle?

Terriblement émotionnelle, oui! C’est une histoire de réconciliation, entre père et fils, entre homme et femme, entre humain et animal. C’est un besoin d’amour, d’affection, de tendresse. Un besoin universel.

Quel fut votre principal défi pour ce rôle?

Comme toujours -et c’est si difficile!- d’être juste. Jacques le répétait souvent. C’était dur, car il fallait faire croire à la possibilité d’une histoire d’amour sans jamais pouvoir jouer le jeu de la séduction. Sans aucun romantisme, juste à coups de petits gestes concrets, des petits riens.

Et les combats? En aviez-vous une quelconque expérience?

Aucune. Il a fallu beaucoup d’entraînement spécifique. De la boxe, puis l’entraînement aux combats, qui sont tous chorégraphiés avec précision. Ma grande crainte, c’était qu’il y ait un accident, qu’un geste soit imprécis et provoque des dégâts. Il fallait dégager une vraie violence, sans rien se casser par maladresse. Même bien préparé, j’ai eu la trouille de temps en temps…

Vous jouez en français sans accent particulier. Un choix d’Audiard?

Il voulait que je ne sonne pas parisien ( rire)! Surtout, il voulait que dans ma manière de parler, il y ait quelque chose de cassé, de pas fluide. Une parole claire, nette, ferme. Sans hésitation. Mon personnage pense, puis il parle. Jamais les deux à la fois.

Avec très bientôt le tournage du remake des Liens du sang aux Etats-Unis, votre percée internationale pourrait se confirmer…

Je reçois plein de SMS de gens qui me disent:  » C’est incroyable! C’est fou! » Moi, j’ai tendance parfois à oublier à quel point c’est fou. Parce que je suis tout le temps dans la réalité du travail, de la préparation. Je devrais arriver à arrêter un peu le temps pour réaliser. Et pour apprécier. La vache, c’est quand même dingue ce qui m’arrive! l

RENCONTRE LOUIS DANVERS

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