L’Âme du fusil

C’est une lettre, une longue lettre, que Philippe écrit à Pierre, son neveu et  » ce qu’il me reste de descendance« . Un drame terrible s’est donc joué dans ce hameau où Philippe vivait avec sa femme Maud et son fils Lucas. Une vie à attendre (un boulot, le retour de sa femme ou l’intérêt de son gamin) jusqu’à ce qu’advienne l’inattendu, en la personne du plus jeune et du plus beau Julien, venu de Paris se planquer dans ce trou qui ne jure que par la chasse. Un inconnu qui va probablement séduire sa femme, mais c’est bien là le seul cliché de ce roman noir, court et brutal – » Il ne m’oubliait pas pour autant. J’admirais ça, chez lui, de réussir à séduire ma femme tout en cherchant à faire de moi son ami« : l’intrusion bientôt tragique de ce troisième larron va en effet rebattre les cartes de l’habituel triangle amoureux, et donner l’occasion à Elsa Marpeau de se renouveler pour son entrée à La Noire, après six polars à la Série Noire. La condition féminine, souvent martyrisée, qui était au centre de sa production littéraire, laisse cette fois la place à des questions sur la masculinité et la paternité et navigue entre drame, malaise et ode à la chasse. Inattendu, perturbant, mais fichtrement bien construit et écrit.

D’Elsa Marpeau, éditions Gallimard/La Noire, 192 pages.

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