DU 5 AU 23 MARS, L’OFFSCREEN FILM FESTIVAL REMET LE COUVERT À BRUXELLES POUR UNE 7E ÉDITION À LA PROGRAMMATION EXPLOSIVE. SOIT UN SAVANT MÉLANGE DES GENRES, ENTRE NOUVEAUTÉS RAGOÛTANTES, CLASSIQUES INSUBMERSIBLES, PERLES RARES ET NANARS ÉDIFIANTS. UN MUST, DONC.

Les premières

Si L’Etrange couleur des larmes de ton corps fera l’ouverture de cet Offscreen Film Festival septième du nom (lire pages 18 et 19), la manifestation bruxelloise, chantre d’une cinéphilie décomplexée et joyeusement alternative, promet dans la foulée encore une belle poignée de nouveautés et autres inédits au fort degré de potentiel culte -et en marge d’un programme par ailleurs résolument tourné vers le passé. A commencer par Her (le 16/03), la nouvelle fantaisie filmique de Spike Jonze. Soit le récit sensible de la romance futuriste qui unit bientôt un inconsolable coeur d’artichaut (Joaquin Phoenix) à la voix drôle et sexy d’un programme informatique ultramoderne (Scarlett Johansson). Amour toujours: les très attendues et partouzeuses Rencontres d’après minuit (le 07/03) de Yann Gonzalez -le frangin d’Anthony Gonzalez (M83), qui signe la BO- s’intéressent pour leur part aux préparatifs pas comme les autres d’une orgie qui l’est encore moins. Avec… Eric Cantona dans le rôle de l’étalon. Quant au Blue Ruin (le 23/03) de Jeremy Saulnier, c’est à une histoire de vengeance solidement crasse et viscérale, à peine plombée par son côté film à thèse sur les armes, qu’il nous convie. Mais la vraie dinguerie du festival sera sans doute à aller chercher du côté de A Field in England (le 22/03), nouveau film-trip de l’affreux, sale et méchant Ben Wheatley (Kill List), où une bande de bras cassés tombés sous la coupe d’un curieux alchimiste se retrouve à manger des champignons hallucinogènes dans un champ en pleine guerre civile. Martin Scorsese est déjà fan, nous apprend le trailer. Focus aussi.

Les classiques

Rendez-vous faisant la part belle aux films insolites, radicaux, voire subversifs, l’Offscreen n’a pas son pareil quand il s’agit d’exhumer quelques inoxydables classiques de genre. Attention, on parle ici de classiques un minimum toxiques et barrés. Le genre de crapuleries que le temps a rendu quasi incontournables, et qu’il s’agit d’avoir vu au moins une fois dans une vie de cinéphile déviant un tant soit peu digne de ce nom. Cette année, c’est le cas, notamment, du Village of the Damned (le 08/03) de Wolf Rilla (1960), qui inspira en 1995 un remake à « Big » John Carpenter. Mais aussi de l’opéra-rock messianique et dingo des Who, Tommy (le 13/03), tel qu’adapté pour le grand écran -et certainement pas à jeun- en 1975 par Ken Russell -iconoclaste et flamboyant cinéaste britannique à qui le festival consacre une large rétrospective ainsi qu’une conférence. Ou même de One Million Years B.C. (le 16/03) de Don Chaffey (1966), improbable plongée aux origines de l’humanité riche en arguments-massues -le bikini-peau de bête de Raquel Welch, les effets spéciaux de Ray Harryhausen, un florilège de créatures géantes… Du drame préhistorique délicieusement sur-kitsch comme on n’ose plus en faire aujourd’hui, sauf involontairement -remember The Tree of Life-, et qui sera proposé en DeLuxe Color, avec ouvreuses et chocolats glacés.

Les bizarreries

Un gang de motards suicidés qui pactise avec des forces occultes afin de revenir semer la terreur chez les honnêtes gens pour l’éternité (Psychomania de Don Sharp, le 14/03), des jeunes étudiantes innocentes perdues dans la campagne et livrées aux instincts les plus pervers de tueurs psychotiques sous LSD (Killer’s Moon d’Alan Birkinshaw, le 14/03), la traque d’une famille de cannibales troglodytes dans les tunnels du métro londonien (Raw Meat de Gary Sherman, le 07/03)… Assurément, le volet British Cult Cinema devrait réserver son pesant d’ovnis cintrés aux festivaliers les plus exigeants. Mais le reste de la programmation est à l’avenant. Un tuyau? Camille 2000 (le 06/03), par exemple, adaptation résolument pop et franchement esthétisante de La Dame aux Camélias de Dumas qui, en 1969, dépeint avec force nichonnade les amours désaxées d’une fascinante bourgeoise romaine -l’incendiaire actrice française Danièle Gaubert- dans un futur décadent à l’affreux mobilier gonflable. Son réalisateur, Radley Metzger, maître du cinéma érotico-artistique, sera d’ailleurs l’invité d’honneur du festival, où il se fendra, le 8 mars, d’une masterclass.

Les découvertes

Si, de Katsuhiro Otomo à Hayao Miyazaki en passant par Isao Takahata, Mamoru Hosoda ou autre Satoshi Kon, la supériorité absolue du Japon en matière de cinéma d’animation n’est plus à démontrer, certains de ses plus fiers représentants restent pourtant tristement méconnus du grand public. C’est le cas de Gisaburo Sugii, réalisateur d’aujourd’hui 73 ans qui, dès le début des années 60, collabore avec le grand Osamu Tezuka -il travaillera notamment sur le dessin animé Astro le petit robot– avant de voler de ses propres ailes. Offscreen a l’excellente idée de lui consacrer un bref focus, où l’on pourra découvrir un portrait documentaire du maître nippon, Animation Maestro Gisaburo Sugii (le 15/03), ainsi que ses deux chefs-d’oeuvre emblématiques des années 80: Night on the Galactic Railroad (le 15/03) et The Tale of Genji (le 16/03).

Courts métrages d’animation britanniques pour les kids, excentricités belges, invités cultes et underground… C’est par ailleurs, et bien évidemment, l’ensemble de l’événement bruxellois qui sera à nouveau placé sous le signe de la découverte. Qui a dit que la curiosité était un vilain défaut?

OFFSCREEN FILM FESTIVAL, DU 5 AU 23 MARS À BRUXELLES (CINÉMA NOVA, CINEMATEK, CINÉMA RITS, BOZAR).

WWW.OFFSCREEN.BE

TEXTE Nicolas Clément

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