Des diables et des saints

« Un orphelin est une mélodie à une note. Et une mélodie à une note, ça n’existe pas. » Mai 1969. Joseph a quinze ans et ne manque de rien. Jusqu’au jour où, revenant de Rome, la Caravelle ramenant ses parents et sa soeur se brise en deux en touchant le sol. Joe découvre alors Les Confins, orphelinat des Pyrénées où une quarantaine d’adolescents évoluent sous la coupe de l’abbé Sénac et d’un surveillant général mal embouché. Face au régime des privations et brimades, « tous les orphelins ont les mains qui tremblent. » Pas idéal quand on a un don pour le piano, instrument de grande évasion, notamment pour instruire la fille arrogante d’un gros donateur du diocèse. La vie d’orphelin n’est pas rose. Fallait-il qu’on lui dresse quelque couronne d’épines? « Personne n’a pensé que Dieu était peut-être, tout simplement, sourd comme un pot? » Autrefois réalisateur et scénariste, Jean-Baptiste Andrea égrène tout un chapelet d’indices au coeur d’une construction au script ciselé. À l’instar du remarquable Cent millions d’années et un jour, l’écriture poétique aiguillonne avec une pointe de mélancolie romantique. Très à l’aise au sein de la société secrète des enfants, l’auteur de Ma reine se faufile au sein de leurs conciliabules, où ses talents de dialoguiste font mouche. Sur le ton du conteur, évoquant les rêves et la pudeur de ces frères d’obscurité, Andrea martèle délicatement une musicalité sans fausse note à laquelle il est difficile de faire la sourde oreille. Redemption song?

De Jean-Baptiste Andrea, éditions L’Iconoclaste, 368 pages.

7

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content