TROIS DES LONGS QUI SE TAILLENT LE GROS DES NOMINATIONS DE LA SIXIÈME ÉDITION DES MAGRITTE DU CINÉMA DÉBOULENT EN DVD.

Tous les chats sont gris

DE SAVINA DELLICOUR. AVEC MANON CAPELLE, BOULI LANNERS, ANNE COESENS. 1 H 24. DIST: TWIN PICS.

7

Le Tout Nouveau Testament

DE JACO VAN DORMAEL. AVEC BENOÎT POELVOORDE, PILI GROYNE, YOLANDE MOREAU. 1 H 50. DIST: BELGA.

6

Je suis mort mais j’ai des amis

DE GUILLAUME ET STÉPHANE MALANDRIN. AVEC BOULI LANNERS, WIM WILLAERT. 1 H 32. DIST: TWIN PICS.

5

Le 6 février prochain, le cinéma belge francophone s’autocélébrera donc pour la sixième fois derrière l’emblématique cube en verre du Square du Mont des Arts (lire également page 8). Le chouchou de Focus? Tous les chats sont gris, pardi, le premier long métrage de Savina Dellicour. Soit le portrait sensible de Dorothy, 16 ans, rejeton mal dans ses baskets d’une bourgeoisie bruxelloise dont les apparences policées recèlent leur lot de secrets peu avouables. Entre élans vaguement sofiacoppolesques et (en)quête identitaire façon Club des cinq, le film, chronique adolescente dont la réussite ne tient parfois qu’à un fil (l’humour, une certaine justesse…), finit par trouver sa voix. En bonus DVD, le court métrage Strange Little Girls (2004), référence évidente aux Stranglers, creuse déjà la question de l’âge ingrat au féminin, et rappelle que Savina Dellicour a fait ses classes en Angleterre sous l’égide notamment de Stephen Frears.

Fort de dix nominations -une de plus que Tous les chats… -, Le Tout Nouveau Testament de Jaco Van Dormael est a priori le mieux placé dans la course aux Magritte. Gros succès populaire de la rentrée 2015, cette fable comico-lunaire aux accents bienveillants imagine un Dieu vachard en peignoir et chaussettes blanches (Benoît Poelvoorde, qui d’autre?) habitant en haut d’une tour de Molenbeek avec sa femme et sa fille. Laquelle s’apprête à foutre un sacré bordel sur Terre. Avec, en filigrane, cette question toute bête: « comment vivrions-nous si l’on connaissait la date exacte de notre mort? » Poussif et très inégalement inspiré, le film souffre d’un manque patent de dynamisme dans la structuration de son récit, gagné par la monotonie, mais fait mouche quand il ose l’ambition formelle et la mélancolie. En bonus DVD, making of substantiel au parti pris -Dieu existe, il a participé au tournage- assez usant.

Avec ses rêves d’Amérique et son histoire de cendres à répandre, Je suis mort mais j’ai des amis évoque parfois de loin une espèce de The Big Lebowski sauce lapin. La tentation du road-movie débraillé entre vieux copains est plutôt sympathique, mais les frères Malandrin (Où est la main de l’homme sans tête) confondent trop souvent belle énergie rock (les cultissimes Olivensteins, les jeunes poulains de l’écurie Born Bad façon Cheveu, JC Satan ou Jack of Heart…) et hystérie gesticulatoire, tandis que Wim Willaert et Bouli Lanners cabotinent à qui mieux mieux en adulescents crados. Court métrage gentiment caustique consacré à l’improbable descendant borain de Vincent van Gogh en bonus DVD.

NICOLAS CLÉMENT

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