Critique | Cinéma

Sortie DVD: Armageddon Time, un formidable récit d’apprentissage

4,5 / 5
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4,5 / 5

Titre - Armageddon Time

Genre - Drame

Réalisateur-trice - James Gray

Casting - Banks Repeta, Anne Hathaway, Jaylin Webb

Sortie - Streaming

Durée - 1h54

Critique - Jean-François Pluijgers

Jean-François Pluijgers
Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

James Gray évoque sa jeunesse dans le Queens à la faveur d’Armageddon Time, un formidable récit d’apprentissage illuminé par sa jeune révélation, Banks Repeta.

Sélectionné en compétition au festival de Cannes, Armageddon Time, le dernier film de James Gray, n’a pas été distribué en salles en Belgique. Une décision incompréhensible, eu égard à la qualité du film, tempérée aujourd’hui par sa sortie aux formats vidéo. Le réalisateur de Little Odessa et Two Lovers y revisite son enfance new-yorkaise, au cœur d’un récit d’apprentissage à la fibre délicatement intimiste.

Direction le Queens, au tournant des années 80 (et au son notamment de The Clash, comme le suggérait le titre), à la rencontre de Paul Graff (Banks Repeta, épatant), gamin d’une douzaine d’années issu d’une famille juive, que l’on découvre à l’heure de la rentrée des classes. S’il montre d’évidentes dispositions pour le dessin, les cours ne l’intéressent que modérément, quelques jours à peine lui étant nécessaires pour sympathiser avec Johnny Davis (Jaylin Webb), un élève noir accessoirement doublé d’un cancre notoire. Devenu inséparable, le duo va multiplier les tours pendables, le jour où ils se font gauler en train de fumer un pétard dans les toilettes de l’école sonnant la fin de la récréation. Tandis que Paul se voit contraint par ses parents de rejoindre le prestigieux collège de Forest Manor, bastion de la famille Trump où était déjà inscrit son frère Ted, et seul cadre susceptible à leurs yeux de répondre à leurs vœux d’ascension sociale, Johnny, de son côté, se trouve livré à lui-même. Et entame une existence se déclinant en mode galère, vaguement illuminée par son rêve de rejoindre un jour la Floride pour intégrer la Nasa…

© National

Perte de l’innocence

James Gray raconte, dans les bonus Blu-ray, s’être exclamé à la découverte du film “My God, I made a home movie”. Allusion, bien sûr, à la dimension éminemment personnelle d’un projet “presque anthropologique”. Si Armageddon Time puise généreusement dans ses souvenirs d’enfance, le film, qui adopte la forme d’une chronique douce-amère à la facture feutrée, réussit aussi à transcender ce cadre. Inspiré, le récit d’apprentissage s’y double de l’une de ces histoires familiales dont le réalisateur de We Own the Night a le secret, la famille Graff rejouant la partition du rêve américain et de la transmission dans ses dégradés successifs, à quoi Anne Hathaway, Jeremy Strong et Anthony Hopkins, tous impeccables, apportent un luxe de nuances. L’Amérique en proie à un racisme insidieux et s’apprêtant à basculer dans l’ère Reagan pour toile de fond, il y a là encore un drame intimiste où le récit initiatique se voile de la perte de l’innocence. Pour un film qui touche au cœur, le pendant non moins incontournable au tout récent The Fabelmans de Steven Spielberg.

De James Gray. Avec Banks Repeta, Anne Hathaway, Jeremy Strong. 1 h 54. Dist: Universal. Disponible en Blu-ray, DVD et sur diverses plateformes.

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