Critique | Cinéma

« Omar la fraise »: Reda Kateb et Benoît Magimel en gangsters retraités

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© iconoclast - Chi-fou-mi productions
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Titre - Omar la fraise

Genre - Comédie dramatique

Réalisateur-trice - Elias Belkeddar

Casting - Reda Kateb, Benoît Magimel, Meriem Amiar

Sortie - En salles le 28 juin 2023

Durée - 1 h 40

Nicolas Clément
Nicolas Clément Journaliste cinéma

Reda Kateb et Benoît Magimel emmènent avec générosité un film-patchwork énergisant qui ne tient hélas pas toutes ses promesses.

Auteur d’un clip remarqué pour le tube Disco Maghreb de DJ Snake, Elias Belkeddar, réalisateur franco-algérien né à Paris à la fin des années 80, avait déjà signé deux courts métrages de fiction: Todo se puede, tourné à Mexico, et Un jour de mariage. Passé par la Semaine de la Critique à Cannes, le second s’attachait à suivre un voyou français en exil traînant son spleen dans les rues d’Alger. À bien des égards, Omar la fraise s’inscrit aujourd’hui dans sa continuité. Présenté en séance de minuit sur la Croisette en mai dernier, ce premier long métrage cueille en effet une figure légendaire du grand banditisme français, Omar Zerrouki (Reda Kateb), alias Omar la fraise, au moment où il est contraint de faire profil bas en Algérie en compagnie de son acolyte, le flamboyant Roger Lhermitte (Benoît Magimel), bras droit stylé et surcoké qui prend plaisir à rapper face à la Méditerranée. Après avoir fait les 400 coups, les deux compères doivent donc se contenter de cette retraite anticipée sous le soleil d’Alger. Mais, comme le veut l’adage, on ne se refait pas. Lassés de traîner leur ennui entre deux virées nocturnes de tous les excès, les truands magnifiques voient bien vite leurs anciens travers les démanger avec insistance…

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Gangsters d’amour

Bienvenue en Algérie!”, balance, dès l’entame du film, une vieille édentée à l’œil qui pétille. Elias Belkeddar ne s’en cache pas, il a avant tout pensé Omar la fraise comme une lettre d’amour adressée à son pays de cœur, à la richesse de sa culture et de son peuple. Dans une première partie enthousiasmante, le jeune réalisateur se fantasme à juste titre en une espèce de Tarantino du bled, déroulant avec ardeur et générosité un cinéma fort en gueules qui fleure bon la tchatche virtuose et les phrases qui claquent. “Dans ce pays, si tu veux devenir millionnaire, il faut commencer milliardaire”, y rigole-t-on entre deux combines parfois très violentes de margoulins au cœur tendre doublés d’attachants pieds nickelés obsédés par la notion de respect.

Plus le film avance, hélas, plus il a tendance à s’égarer. Manquant assez cruellement d’enjeux narratifs, cette étonnante bromance criminelle adopte ainsi maladroitement, dans sa seconde moitié, des accents de comédie romantique plutôt pataude avant de revenir à ses fondamentaux de film de gangsters. Le problème ne réside pas tant dans cette approche résolument patchwork que dans un scénario flottant et très inégal dont les errances finissent trop souvent en queue de poisson. Restent, jusqu’au bout, ce plaisir évident et cette indéniable capacité à saisir quelque chose de profondément enraciné au cœur de l’identité algérienne, une certaine vérité de la rue et de sa jeunesse.

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