Critique | Cinéma

Dream Scenario: Nicolas Cage, star malgré lui

3,5 / 5
© DR
3,5 / 5

Titre - Dream Scenario

Genre - Comédie noire

Réalisateur-trice - Kristoffer Borgli

Casting - Nicolas Cage, Julianne Nicholson, Michael Cera

Sortie - En salles le 27 mars 2024

Durée - 1 h 42

Nicolas Clément
Nicolas Clément Journaliste cinéma

En anonyme amené à découvrir l’envers malade de la célébrité, Nicolas Cage fait des merveilles dans un registre résolument méta.

Dans la foulée du jusqu’au-boutiste Mandy de Panos Cosmatos, du formidable Pig de Michael Sarnoski et de l’amusant The Unbearable Weight of Massive Talent de Tom Gormican, la carrière de Nicolas Cage semble promise à un réjouissant nouveau souffle. Intuition confirmée aujourd’hui avec la sortie de Dream Scenario, le nouveau long métrage de Kristoffer Borgli (lire son interview page 24), qui lui offre un rôle assurément taillé à sa démesure. Il y campe en effet un certain Paul Matthews, professeur universitaire angoissé et mal dans sa peau qui enseigne la biologie de l’évolution et se sent frustré par son manque de reconnaissance au sein du monde académique. Jusqu’au jour où il commence à apparaître, sans aucune explication logique, dans les rêves de millions de personnes. Catapulté phénomène de foire bien malgré lui, cet homme insipide et ignoré devient le centre d’une attention virale et maladive à laquelle il semble prendre goût. Mais la situation échappe totalement à son contrôle quand les rêves tournent aux cauchemars et qu’il devient subitement, toujours à l’insu de son plein gré, l’ennemi public numéro 1…

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Instantané grinçant

Kristoffer Borgli serait-il en passe de devenir le nouveau petit cador d’un cinéma-concept taclant dans le rire jaune et l’inconfort latent les pires travers de son époque? Après Sick of Myself, qui tendait à ses contemporains un miroir à peine déformant de leurs plus pathétiques simagrées égotistes, il confirme en tout cas qu’il a de la ressource pour pondre des idées génialement délirantes et incongrues. En cela, Dream Scenario rappelle inévitablement, dans son écriture, les premiers films de Spike Jonze imaginés par un certain Charlie Kaufman: Being John Malkovich (1999), bien sûr, mais aussi… Adaptation (2002), dans lequel Nicolas Cage faisait déjà des merveilles dans un registre résolument méta. Mais Borgli ne possède pas tout à fait la fascinante profondeur névrosée d’un Kaufman. Un peu scolaire et appuyé dans sa réflexion sur la célébrité et l’attention, Dream Scenario est, en ce sens, un film moins fou qu’il aurait pu l’être.

Produit par la très branchouille société A24 et le non moins tendance Ari Aster (Hereditary, Midsommar, Beau Is Afraid), ce nouveau long métrage n’en offre pas moins de nombreuses raisons de se réjouir. Conçu comme un instantané grinçant du monde comme il tourne (plutôt mal, donc), il brasse ainsi un nombre considérable de sujets sensibles (question de l’intégrité et des compromis, cancel culture, évolutions technologiques, hyper connexion, marchandisation de l’intime…) sans jamais se départir de sa dérangeante bizarrerie. Mieux même: en jouant de manière vertigineuse avec l’image virale de Nicolas Cage lui-même, le film atteint à une dimension réparatrice et cathartique assez désarmante d’authenticité.

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