SECRETS DE FAMILLE – Un régal de comédie à l’italienne, mêlant l’humour et l’émotion en un cocktail à savourer sans modération!

De Gianni Zanasi. Avec Valerio Mastrandrea, Anita Caprioli, Giuseppe Battiston. Musique: Merci Miss Monroe, Les Fauves, Atomik Dog. 1 h 44. Sortie: 11/06.

Le cinéma italien semble connaître un beau regain, avec deux prix ( Il Divo de Paolo Sorrentino et Gomorra de Matteo Garrone) au Festival de Cannes, et la présence sur nos écrans d’£uvres aussi intéressantes qu’ In memoria di me de Saverio Costanzo ou Giorni e nuvole de Silvio Soldini. S’y ajoute désormais une comédie possédant toutes les qualités d’une tradition allant des Vitelloni de Fellini (1953) et du Pigeon de Monicelli (1958) aux plus souriants des films de Nanni Moretti, en passant par les cruelles galeries de « monstres » mises en scène dans les années 60 par Dino Risi.

Dès la première scène, le ton est donné. Les jeunes musiciens d’un groupe réveillent leur guitariste, un tantinet plus âgé, assoupi sur un canapé. Et voici Stefano sur scène, grattant les accords sommaires d’un punk rock qu’éructe un chanteur au poil ras. Ledit chanteur quitte alors la scène pour un plongeon dans le public qui s’achève en grand fracas sur le sol, les gens s’étant écartés au lieu de le recevoir sur leurs bras comme le veut la tradition du stage diving…

Déjà ébranlé par ce navrant incident, le guitariste trentenaire rentre chez lui et surprend sa femme en compagnie d’un autre musicien avec lequel, d’évidence, elle ne jouait pas aux cartes. Et Stefano de se dire qu’après tout, c’est peut-être le moment de quitter Rome pour retourner voir sa famille en province. Accueilli avec enthousiasme par ses parents, son frère, sa s£ur et ses neveux, il s’attend à trouver réconfort à ses malheurs artistiques et conjugaux. Mais sa présence va tout au contraire mettre à jour des secrets familiaux tantôt gênants, tantôt carrément dramatiques. Comment les uns et les autres vont voir leurs vies balancer entre chute et rétablissement, comment les copains restés au pays mêleront leur grain de sel de manière parfois consternante, Gianni Zanasi nous le conte sur un mode drôle et tendre qu’il maîtrise avec éloquence.

HILARANT

A l’humour et à l’émotion, il ajoute un sens de l’absurde qui lui permet de faire d’un suicide suivi d’un enterrement une occasion de rire aux larmes (un peu comme dans le génial Big Lebowski des frères Coen). Et une invention dont l’emploi qu’il fait d’un panneau affichant les vitesses de circulation apporte la preuve hilarante.

Autour de l’inénarrable Valerio Mastandrea, merveilleux Stefano, tous les interprètes sont épatants. Et l’on se régale devant ce tableau tout à la fois comique et poignant, mélancolique et plein de faconde, poétique et par endroit grotesque, dont la grande profondeur humaine n’alourdit jamais le propos ni ne plombe l’allègre progression. Un pur bonheur de cinéma vivant, humain, qui se déguste en toute complicité!

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LOUIS DANVERS