Critique | Séries/Télé

À la télé ce soir: la folle histoire du disco

4,5 / 5
Anita Ward en concert à Chicago en 1976. © Paul Natkin/Getty Images
4,5 / 5

Titre - Disco: la bande-son du renouveau

Genre - Série documentaire

Réalisateur-trice - Grace Chapman

Quand et où - Vendredi 2 février à 22 h 20 sur Arte

Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Arte diffuse une formidable série documentaire retraçant l’histoire du disco, genre musical ayant révolutionné le dancefloor. Sortez la boule à facettes!

Dans les années 70, une nouvelle culture de la danse naît dans les bars, les restos et les entrepôts de New York. “L’attitude générale des jeunes était de faire un doigt d’honneur à l’establishment, explique le journaliste musical et DJ de radio britannique Mark Riley. Le gouvernement faisait tout pour étouffer cette opposition, parce qu’il avait bien conscience qu’elle pouvait mener à des bouleversements profonds. Il refusait d’entendre les revendications des hippies, des Noirs, et par-dessus tout, celles de la communauté gay.” On parle d’une période de l’Histoire où deux personnes du même sexe n’avaient pas le droit de danser ensemble. Une époque où les cafés gays et lesbiens, tous clandestins bien sûr, étaient contrôlés par la mafia, qui graissait la patte des policiers.

Dans ces lieux festifs, précurseurs des premières discothèques, les DJ sélectionnent des morceaux de pop, de soul, de funk animés par un seul et unique but: faire se trémousser le public. L’histoire du disco accompagne incontestablement la lutte pour l’émancipation des femmes et des minorités. “C’est intéressant que le mouvement de libération gay soit né du désir de danser les uns avec les autres, commente Jake Shears des Scissor Sisters. À l’époque, on ne parle pas encore de disco. On appelle ça du “r’n’b dansant”. Et Girl You Need a Change of Mind d’Eddie Kendricks en est la quintessence.

La remarquable et trépidante série documentaire en trois épisodes de Grace Chapman retrace l’histoire d’une lame de fond. C’est qu’en 1974, propulsé par des hits inattendus comme le Soul Makossa de Manu Dibango et l’innovation rythmique (le four-on-the-floor) développée par le batteur Earl Young, le disco né dans les clubs noirs et latinos d’une Grosse Pomme assez méchamment vérolée se répand dans toute l’Amérique. Il cartonne dans les hits parades notamment grâce aux tubes d’une certaine Gloria Gaynor. Et explosera de manière encore plus significative trois ans plus tard grâce au cinéma et à La Fièvre du samedi soir. Terriblement rythmé, extrêmement bien monté et nourri par des témoins de premier plan à l’enthousiasme communicatif, La Bande-son du renouveau se promène pendant deux heures et demie dans un New York d’un autre temps. Du mythique Studio 54 (l’année de son ouverture, 5 000 discothèques ont ouvert leurs portes aux États-Unis) aux cours de danse où monsieur et madame Tout-le-monde veulent apprendre à se dandiner comme John Travolta. Earl Young himself, George McCrae (Rock Your Baby), Anita Ward (Ring My Bell), l’ingénieur du son Alex Rosner, le flic des Village People Victor Willis, mais aussi des DJ, des journalistes et des activistes LGBT guident et éclairent cette odyssée musicale pailletée.

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