Rétro 2016: Hanouna, Maréchal,… et la soupe populaire

Cyril Hanouna, chantre de l'appauvrissement télé. © DR
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Chacun dans son style tout empreint de délicatesse, Benjamin Maréchal et Cyril Hanouna incarnent l’inquiétante mutation de la télé.

L’un transforme les antennes de la RTBF en café du commerce. L’autre symbolise à lui seul, sur C8, l’abrutissement télévisuel des masses. Benjamin Maréchal et Cyril Hanouna ne trempent pas dans les mêmes eaux troubles, mais ils sont les deux reflets d’un inquiétant phénomène : l’appauvrissement de la production télé jusqu’à l’encéphalogramme plat.  » Maikel, malade, se fait refuser l’accès aux toilettes. Maggie De Block ne peut pas l’aider. Comment l’expliquer ?  »  » Thomas Cook lâche des billets d’avion, ça dégénère ! Pourquoi ? «  Tous les matins avec C’est vous qui le dites, sur la Une et VivaCité, c’est le même et affligeant cinéma. Chantal, sociologue de ducasse, appelle pour confier qu’un gamin a dérobé 75 euros de cartes Pokémon dans son magasin et que oui, un enfant de 7 ans peut agir et voler seul. Tandis que Michel, politologue de bistro, apporte son soutien indéfectible à Donald Trump face à cette Clinton et  » ses amis du show- business qui passent leurs journées à sniffer de la poudre blanche « … Maréchal est le roi de la conversation de comptoir. Conversation qu’il s’en va désormais mener sur les aires d’autoroute puisque la RTBF lui a offert une émission télé hebdomadaire qui donne, dans une station-service, la parole aux quidams ayant fait l’actu de la semaine. Depuis son lancement, Ah, c’est vous a déjà perdu plus de la moitié de son audience et n’a attiré, le 1er décembre, que 47 400 spectateurs (4,5 % de parts de marché). Mais l’heure ne serait pas encore à la déprogrammation…

Ce n’est en tout cas pas sur Cyril Hanouna qu’il faut compter pour élever les débats. En 2016, le caïd du PAF (chez nous sur Plug RTL) a eu droit à 250 signalements au CSA après qu’un de ses acolytes a embrassé le sein d’une jeune femme qui refusait de lui faire la bise. Il a aussi fait l’objet de mises en demeure et de mises en garde pour des blagues sur des musiciens atteints d’autisme et de trisomie et pour un bol de nouilles versé dans le caleçon d’un de ses chroniqueurs, souffre-douleur (même si chacun tient un rôle prédéfini) d’un programme bête et nombriliste qui aime raser les pâquerettes et lobotomiser la jeunesse… En 2012, la publication académique Journal of communication notait que 92 % des programmes pour les 2-11 ans aux Etats-Unis contenaient de l’agressivité sociale. Une préparation au monde qui attend les enfants certes, mais aussi, dans un contexte humoristique, une banalisation qui rend cette  » violence  » plus acceptable. Touche pas à mon gosse…

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