Gatsby Le Magnifique retraduit: comment passer de « son of a bitch » à « enfoiré »

Où les Black Keys font du grindhouse, se pose le problème des retraductions, James Hart Dyke peint des espions, et le rock pakistanais se portait bien, de 1966 à 1976.

Petit buzz sympathique autour du dernier clip des Black Keys, Howlin’ For You, qui plutôt que de sagement illustrer la chanson, s’amuse à parodier les bandes annonces de films d’exploitation. Hommage au grindhouse, donc, cinéma de série ces dernières années remis au goût du jour par le tandem Rodriguez/Tarantino mais qui existait bien entendu déjà longtemps avant Planète Terreur et autres Boulevard de la Mort. Coïncidence éducative: quasi simultanément au clip, sort dans les salles américaines un documentaire racontant l’histoire de ce genre en soi, productions fauchées et rebelles, souvent socialement engagées sous leurs dehors idiots, gore et porno. Il s’appelle en toute logique American Grindhouse.

Le clip: http://www.ecrans.fr/Quand-les-Black-Keys-virent,11996.html
Un article sur le film: http://www.slantmagazine.com/film/review/american-grindhouse/5260
Le trailer du film: http://www.youtube.com/watch?v=AndtsMdk2fc

Il y a peu, dans les pages du Figaro, Frédéric Beigbeder insultait publiquement Julie Wolkenstein, la nouvelle traductrice de Gatsby le Magnifique, le roman de Francis Scott Fitzgerald. Au delà de cette vaine polémique particulière (épidémie d’hemmoroïdes chez les mouches!) se pose le problème de ce qu’on appelle déjà les « retraductions » et il est bien davantage complexe qu’il n’y paraît. Jadis, certaines traductions aujourd’hui pourtant classiques ont en effet pris de larges libertés avec le texte original. D’autres éditeurs sont d’avis qu’un texte anglophone mettons écrit en 1930 doit être traduit dans un français collant à l’époque et donc, être retraduit tous les 20 ans environ. Exemple: chez Fitzgerald, quand on parle de « son of a bitch » dans le texte original, c’était jadis « pauvre bougre » et c’est maintenant « enfoiré », avec l’idée que dans 20 ans, cela pourrait très bien devenir « ta mère en slip fluo dans Tron 4 ». Didier Jacob nous résume tout cela plus clairement sur son blog et à vous de décider quel est votre point de vue personnel sur la chose.

http://didier-jacob.blogs.nouvelobs.com/archive/2011/01/17/gatsby.html

Peintre britannique plutôt classique dans ses traits et ses techniques, James Hart Dyke se distingue du commun par le choix de ses sujets. Ce mardi, s’ouvre ainsi à Londres A Year with MI6, nouvelle exposition présentant des toiles et des dessins résultant d’une année entière d’observation où l’artiste a accompagné des espions britanniques en mission! Le résultat n’est pas forcément spectaculaire car comme expliqué en commentaire d’une scène de rue londonienne, l’essence même du métier d’espion, c’est d’être à la lisière du banal et de l’extraordinnaire. Bref, que dans cette fameuse scène de rue tout à fait banale, il y a probablement des officiers du SIS surveillant un ennemi potentiel de sa Gracieuse Majesté. Paranoia with a point, renchérit Hart Dyke, ce qui fait tout l’intérêt de son rendu.

Article: http://www.guardian.co.uk/artanddesign/gallery/2011/feb/14/james-hart-dyke-mi6-in-pictures#/?picture=371668170&index=13
Site: http://www.jameshartdyke.com/James_Hart_Dyke_official_website/home.html

Découvert via des blogs de passionnés et Sublime Frequencies, le label défricheur d’anomalies musicales, voici le rock and roll pakistanais. De 1966 à 1976, a en effet existé du côté de Peshawar, Karachi et Laore une véritable scène rock, très influencée par les Britanniques et les Américains des sixties mais n’en oubliant pas pour autant l’usage d’instruments traditionnels locaux. Le résultat sonne bien évidemment à nos oreilles d’un kitsch absolu mais n’en est pas moins aussi très touchant et même tout simplement convaincant, les sélections de Sublime Frequencies étant toujours plus qualitatives et respectueuses que moqueuses, cherchant les perles plutôt que les couillonnades.

http://www.the-drone.com/magazine/pakistan-instrumental-folk-pop-sounds-1966-1976/

Serge Coosemans

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