Listen!, festival multipistes

808 State © DR
Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

Après une première édition bousculée par les attentats, Listen! persiste et signe: oui, il y a bien de la place à Bruxelles pour un festival de musiques électroniques, à la fois rassembleur et aventureux.

Comment réagir quand survient l’imprévu? Quand vous avez tout fait pour que la fête se passe bien, que vous vous êtes assuré que tout soit prêt, en place, et que le chaos vient s’inviter en dernière minute? L’an dernier, à la même époque, l’équipe de Listen! n’en menait pas large. Après avoir planché pendant des mois sur l’idée -un festival de musiques électroniques au coeur de/et avec Bruxelles-, tout était prêt. Moins d’un mois avant son inauguration, les attentats de Zaventem et de Maelbeek plongeaient cependant la capitale dans la terreur et la confusion. Et son nouveau rendez-vous électro de tanguer avant même d’avoir largué les amarres. « Du jour au lendemain, on a arrêté de vendre des tickets », se rappelle aujourd’hui Dirk De Ruyck, l’une des chevilles ouvrières du projet. Déjà pas aidé par les événements de novembre à Paris –« parmi les premiers artistes contactés, beaucoup ont fini par décliner, quand ils se sont rendu compte que les tueurs venaient d’ici… »-, Listen! a bien failli rester calé sur les starting-blocks. Fallait-il annuler ou pas? Très vite, la décision est prise. De toute manière, il est alors trop tard pour revenir en arrière. La machine lancée, il allait falloir la faire atterrir. « On a eu chaud. Mais au final, on s’en est sortis. » La principale soirée du samedi, par exemple, a attiré quelque 2 500 clubbers. « Financièrement, on espérait ne pas perdre d’argent. Au final, on n’en a pas gagné. Cela s’est équilibré. » Surtout, « on a fait ce qu’on avait en tête au départ ».

De quoi envisager une seconde édition plus sereinement et ancrer pour de bon le concept. Soit celui d’un événement de plusieurs jours autour des cultures électroniques, qui prendrait Bruxelles comme terrain de jeu. Avec, en tête, des références comme le Sonar barcelonais, l’Amsterdam Dance Event, ou encore les Nuits sonores à Lyon. À chaque fois, ces différents événements ont contribué à (re)dynamiser l’image de la ville qui les hébergeait. Ce qui ne serait pas du luxe pour une capitale comme Bruxelles. Institutionnellement compliquée, géographiquement confuse, la ville n’est pas toujours facile à déchiffrer. « Bruxelles n’est pas claire », glisse Dirk De Ruyck.

Dès le départ, Listen! a donc décidé de s’appuyer sur les forces vives locales. Des incontournables de la vie culturelle locale, comme Flagey, le Beursschouwburg ou l’Ancienne Belgique, ont ainsi rejoint le programme. « Quelqu’un comme Marc Jacobs (Bozar Electronic, NDLR) nous a également rappelés pour bosser ensemble sur tout ce qui est électro plus avant-gardiste. » Autre exemple: dès le jeudi 30 mars, après le concert de Francesco Tristano (lire page 4), le festival s’ouvrira par une balade nocturne –Night Walk, dans le texte: une douzaine de soirées, dispersées dans le centre-ville et prises en main par quelques-uns des principaux acteurs de la nuit bruxelloise (Deep in House, Leftorium, Love, etc.). « L’idée, c’est de créer un véritable mouvement dans la ville. » Le lendemain, c’est DJ Lefto qui parrainera la soirée, aux côtés de Strictly Niceness (DJ Kwak) et du label Tangram. « La couleur sera plus urbaine, plus hip-hop. Pour nous, c’est un pari, parce que c’est un créneau qu’on maîtrise moins. Mais on sait qu’il compte énormément à Bruxelles. Et on a la chance de pouvoir s’appuyer sur ceux qui font un peu le jeu en la matière. » La soirée de clôture du samedi s’attaquera, elle, plus directement au mille-feuille électro/techno/house (lire ci-dessous). Un gros morceau pour mettre tous les clubbers d’accord. Et confirmer l’arrivée d’un nouveau printemps électro bruxellois?

Au programme…

Organisé du 30 mars au 1er avril, le festival Listen! ne sera pas qu’une grosse bamboule pour fêtards de compétition. Sont en effet au programme non seulement des DJ sets, mais aussi des concerts, films, workshop, conférences, etc.

Jeudi = le nouveau vendredi

Si les festivités seront lancées officiellement du côté de Flagey, avec le concert, suivi d’un DJ set, du pianiste luxembourgeois Francesco Tristano, elles se poursuivront le soir même sous la forme d’une Night Walk. Du Parvis de Saint-Gilles aux Halles Saint-Géry, une douzaine de soirées -gratuites- pour un clubbing aussi cosy que festif. Jusqu’au bout de la nuit…

Branché hip-hop

Le vendredi, Listen! débarque au Square pour une soirée en mode « urban »: aux côtés de Lefto et DJ Kwak sont attendus Benji B, Kurtis Lo, Shungu, Le Motel, etc. Le bonus du jour: la diffusion de trois documentaires épatants au cinéma Vendôme, porte de Namur: Raving Iran, Tunisia Clash et Maestro (sur l’histoire du club mythique Paradise Garage).

Fièvre du samedi soir

Outre le line-up électro maousse costaud du soir (808 State, les Canadiens de Pender Street Steppers, le duo Optimo…), réparti sur trois salles, Listen! a également prévu des conférences, workshop et autre foire aux vinyles, dès 12 heure au Square. Par ailleurs, l’Ancienne Belgique se greffera au festival en proposant notamment un live de Jimi Tenor, parrainé par les soirées Holger.

WWW.LISTENFESTIVAL.EU

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