Critique | Musique

Laura Mvula – Sing to the Moon

Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

SOUL | La révélation soul 2013 est anglaise, nourrie au gospel et au classique, comme le montre son flamboyant Sing to the Moon. La ola pour Laura Mvula!

LAURA MVULA, SING TO THE MOON, DISTRIBUÉ PAR SONY. ****

EN CONCERT LE 04/07, À ROCK WERCHTER.

C’est un peu ce qu’on cherche à chaque fois. Ce qui fait qu’on continue de bouffer encore et encore de la musique, espérant tomber sur la pépite. Evidemment cela n’arrive pas souvent. Pour une épiphanie combien d’essais manqués? Mais quand la lumière arrive, elle est d’autant plus éblouissante. Voilà donc qu’on glisse Sing to the Moon dans le lecteur CD de l’ordinateur. Casque sur les oreilles pour ne pas déranger les collègues. Et là, la commotion. Sans prévenir, vous voilà arrosé par une pluie vocale, plaqué au mur par des harmonies euphoriques à la Beach Boys, appuyées dès la mesure suivante par des cuivres triomphants. L’accalmie suit le wall of sound spectorien. La voix de Laura Mvula est alors seule et frappe d’autant plus. Pas par sa performance, ou ses acrobaties. Mais bien par son port altier, une assurance inouïe que dégage une diction vinaigrée. Le chant légèrement nasal pourrait également évoquer une improbable rencontre entre Amy Winehouse et Nina Simone. De quoi donner envie de creuser un peu plus le sujet…

Laura Mvula est née Douglas, il y a 25 ans à Birmingham, en Angleterre. Son bagage musical est varié: jazz (ses parents), gospel (les dimanches à l’église), pop (en cachette), et enfin classique (le violon et le piano dès l’âge de dix ans). Tous ces éléments se retrouvent à doses diverses dans son premier album. La touche orchestrale est celle qui frappe le plus: Laura Mvula sort du conservatoire (elle y a rencontré son mari, le baryton Themba Mvula), a joué notamment L’Oiseau de feu de Stravinsky (sous la baguette du chef finlandais Sakari Oramo) et participé à la première mondiale des Streamlines de Tansy Davies. Quand elle reçoit les premières réactions aux démos qu’elle a envoyées, elle bosse comme réceptionniste à l’Orchestre symphonique de Birmingham…

Un tel CV pourrait donner des airs de première de la classe à la jeune femme. Dans une pop féminine qui désormais domine les charts, d’Adele à Emeli Sandé en passant par Beyonce, Mvula tranche en effet. Sa musique n’en reste pas moins jouissive, instantanée. Avec ses claps printaniers et ses choeurs solaires, le single Green Garden est un petit bijou de tube pop. C’est aussi un bon exemple de la manière dont Mvula joue avec les voix, multipliant les pistes et les couleurs. On pense à un genre de soul à la Erykah Badu, plus orchestral, moins psychédélique, rappelant par moment les envolées de David Axelrod. A écouter Can’t Live With the World ou Make Me Lovely, il est évident que Laura Mvula a également ingurgité les meilleures comédies musicales (Bernstein), et n’a pas dû tout à fait rester insensible à la BO de Fantasia ou au big band (Gershwin). Et quand la maestria de la jeune femme pourrait tout doucement tenir à distance, c’est alors qu’elle lâche par exemple Father Father. Elle y remue l’histoire familiale avec une retenue et une intensité bluffantes.

A la fois audacieux et remarquablement abouti, Sing to the Moon est au final une bouffée d’air frais. Difficile de ne pas y voir le début d’une trajectoire passionnante. Car si l’album est en soi réjouissant, il l’est au moins autant par ce qu’il promet.

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