À Rome avec Nanni Moretti

DE PAOLO DI PAOLE ET GIORGIO BIFERALI, ÉDITIONS DE LA TABLE RONDE, TRADUIT DE L’ITALIEN PAR KARINE DEGLIAME-O’KEEFFE, 174 PAGES.

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À l’instar de Gus Van Sant avec Portland, Nanni Moretti a fait de Rome le cadre privilégié de son cinéma, y situant une dizaine de ses longs métrages, de Je suis un autarcique, en 1976, à Mia Madre, en 2015. La caméra ayant, parmi d’autres propriétés, celle de redessiner la carte d’une ville, Paolo di Paole et Giorgio Biferali, deux journalistes du cru, ont entrepris d’y emprunter les pas du cinéaste, quand ils ne s’arrimaient pas aux roues de sa Vespa, en quelque « jeu de piste romain balisé par les films, loin, à quelques exceptions près, du monumental et du pittoresque (…) ». Découpé suivant la chronologie des films, l’essai est foisonnant, doublant le portrait multiple (et souvent insolite) de la ville éternelle, dont les auteurs arpentent les rues et les places pour en restituer les humeurs changeantes, de celui de Moretti et de son cinéma. Une perspective passionnante, proposant des lectures souvent inspirées de l’oeuvre -comme, par exemple, en envisageant Le Caïman sous l’angle intime, en s’interrogeant sur l’héritage formel de Journal intime, ou en évoquant la dimension prophétique de Habemus Papam-, que conclut une conversation avec le cinéaste. Lequel, interrogé sur son rapport à Rome (en une citation d’une scène d’Aprile), a cette réponse: « Je pourrais m’en sortir en vous disant que cette ville est comme une mère. Difficile de demander à quelqu’un quel rapport il a avec sa mère! Une mère, c’est une mère, c’est celle qui vous a donné la vie. » Ponctuation idoine pour un carnet de voyage en forme d’invitation à embarquer séance tenante pour la Garbatella et à se replonger sans retenue dans l’oeuvre de l’auteur de Palombella Rossa.

J.F. PL.

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