Myriam Leroy

Ecran blanc

Myriam Leroy Journaliste, chroniqueuse, écrivain

Il y a ceux qu’on ne voit jamais à la télévision: les handicapés, les chômeurs, les noirs… Et ceux dont on a soupé jusqu’à la nausée. Evocation.

La chronique de Myriam Leroy

Ca tombe bien (ou mal: au moment où le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel publie un très éclairant Baromètre de l’égalité et la diversité dans les médias audiovisuels de la Communauté française), Harry Roselmack décide de quitter le JT de TF1, laissant le champ libre à la France rillettes et camembert. L’écran lave plus blanc que blanc. On s’en doutait, particulièrement depuis que le CSA français avait lui aussi sorti une étude édifiante sur la question.

Mais aujourd’hui c’est officiellement le cas aussi chez nous, depuis l’analyse du profil des intervenants de quelque 200 heures de programmes, hors pub. Plus blanc que blanc, mais aussi plus masculin, plus actif, plus valide… Le personnage-type apparaissant dans la petite lucarne serait donc un homme dans la quarantaine, en parfaite santé, exerçant une profession libérale. Alors que la réalité est toute autre. Les femmes, par exemple (qui comme chacun le sait peuplent majoritairement la surface de la terre), sont largement sous-représentées à la télévision. Et lorsqu’elles y surgissent, c’est plus souvent sur le mode « vox populi » que sur celui de « parole d’expert ».

Que dire alors des personnes handicapées, carrément absentes de la télé. Seuls 0,33% des personnes montrées souffrent en effet d’une infirmité, et celle-ci est la raison pour laquelle on les exhibe, dans la plupart des cas: aucun rôle actif ne leur est attribué.

A l’occasion de la mise en lumière des résultats de cette étude (à découvrir in extenso sur ICI), Focus propose de se pencher non pas sur les exclus du petit écran, mais sur ceux qu’on a trop vu, et qui sont aussi, quoi qu’on en dise, une entrave à la diversité audiovisuelle.

La prostituée idéale. Elle est toujours canon, elle a un grand coeur qui palpite sous la poitrine, elle adore les enfants et ils le lui rendent bien, elle est la confidente des hommes très bien, mais engoncés dans un mariage petit bourgeois qui les rend dépressifs… Et elle n’existe évidemment pas dans la vraie vie, alors que dans les films et séries, elle représente 50% au moins du paysage féminin.

Le flic ripou. Il fricote avec la racaille, s’en met plein les fouilles, a des méthodes expéditives et peu orthodoxes, un blouson de cuir et des Ray Ban Aviator. Un policier sur deux lui ressemble sur écran. La réalité est moins glam’, plus moustachue, mais également moins périlleuse pour le bien public. Enfin, c’est ce qu’on espère.

La mère courage. Qui se bat pour dégoter un organe à son enfant qui en a besoin, qui fait des ménages malgré une triple maîtrise universitaire (parce que les patrons sont des cons) pour lui acheter du steak bio, qui est tellement séduisante sous ses mèches trois couleurs de barakeresse et ne va pas tarder à se trouver un pygmalion… C’est celaaa, oui.

Le gros politicien aux idées étroites. Ah. On nous signale que dans ce cas-ci, il ne s’agit malheureusement pas de fiction.

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