En images: l’hôtel de Banksy a accueilli ses premiers clients

A general view shows the Walled-Off Hotel (L), Banksy's newly opened hotel, standing next to Israel's controversial separation wall, in the Israeli occupied West Bank town of Bethlehem, on March 20, 2017. / AFP PHOTO / HAZEM BADER © AFP/Hazem Bader
FocusVif.be Rédaction en ligne

C’est complètement « par hasard » que Toan Nguyen a entendu parler du Walled Off Hotel à Bethléem, un établissement offrant « la pire vue d’hôtel au monde » selon le mystérieux Banksy qui l’a décoré. Ce touriste australien est un des premiers clients de l’hôtel, qui a ouvert ses portes lundi à l’ombre du mur de séparation israélien enserrant la Cisjordanie occupée. En visite en Israël « depuis trois semaines », il a décidé de passer de l’autre côté de ces centaines de kilomètres de béton érigées à 85% à l’intérieur du territoire palestinien occupé depuis un demi-siècle par l’armée israélienne.

Paul Smith, lui, est venu de la ville britannique de Bristol, qui serait aussi celle du très secret Banksy, pour découvrir le Walled Off. « C’est bizarre, j’ai l’impression d’être tombé dans une peinture », dit celui qui voulait voir de ses propres yeux le dernier projet de l’artiste. « Pour moi, ça veut dire quelque chose de venir ici et de faire l’effort d’injecter un petit quelque chose dans l’économie » locale, ajoute-t-il, alors que les Palestiniens n’ont de cesse de dénoncer une occupation qui, entre autres, étouffe leur économie.

Au Walled Off, situé à quatre mètres du mur, cette occupation est omniprésente: les neuf chambres -facturées de 30 dollars la nuit, pour une place dans un lit superposé, à 965 dollars, pour la suite présidentielle- donnent sur le mur. Les clients doivent déposer une caution de 1.000 dollars pour éviter les vols des dizaines d’oeuvres de Banksy disséminées dans l’établissement. Elles ont été données au profit de la communauté locale, indique le site de l’hôtel. Mais de nombreux Palestiniens, notamment à Bethléem, haut lieu de pèlerinage chrétien où le tourisme est en berne actuellement, dénoncent la concurrence de l’hôtel de Banksy face aux acteurs locaux.

Wissam Salsaa, qui dirige l’hôtel, assure pourtant que son établissement affiche déjà pratiquement complet pour les trois prochains mois. « Des clients de six pays différents » devaient arriver lundi pour l’ouverture, dit-il.

Symbole honni

Le Walled Off Hotel est à l’image de l’oeuvre de Banksy, transfigurant la réalité avec poésie et une fausse naïveté. Sa dénomination joue sur le nom d’une chaîne d’hôtel de luxe (Waldorf) et les mots « walled off » en anglais (« muré », « cloisonné »).

Dans un ancien immeuble résidentiel vidé de ses occupants, Banksy a reconstitué avec son équipe un hôtel à l’intérieur un peu suranné, s’amusant à détourner des motifs célèbres pour la décoration. Au-dessus d’un des lits, un soldat israélien et un manifestant palestinien se livrent à une bataille d’oreillers. Dans la suite présidentielle, un jacuzzi est alimenté par un ballon d’eau ressemblant à ceux installés sur les maisons de nombreux Palestiniens.

Les conflits, le mur et les Territoires palestiniens sont une source d’inspiration pour Banksy, rendu célèbre par ses peintures anonymes au pochoir dans l’espace public.

Le mur est pour les Palestiniens l’un des symboles les plus honnis de l’occupation israélienne. Il est aussi un lieu de manifestation et un terrain d’expression politico-artistique. Les fresques qui le recouvrent par endroits en font une attraction. Sa construction a commencé en 2002, au cours de la deuxième Intifada. Selon les autorités israéliennes, il doit protéger le territoire israélien d’attaques venues de Cisjordanie occupée. La Cour internationale de justice l’a déclaré illégale en 2004. Achevé aux deux tiers, ce mur alterne tronçons en béton et clôture et doit atteindre à terme environ 712 km, selon l’ONU.

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