Âmes soeurs

© DANNY COHEN
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Le guitar hero américain Kurt Vile et la rebelle rockeuse australienne Courtney Barnett font équipe pour une douce transat-transpacifique. Take it easy.

Courtney Barnett and Kurt Vile

« Lotta Sea Lice »

Distribué par Matador.

7

Il a 37 ans, est américain, anciennement guitariste des War on Drugs, et a déjà sorti six albums solos. Elle aura 30 piges le 3 novembre, est australienne et n’a pour l’instant qu’un seul mais super petit disque à son actif. Kurt Vile et Courtney Barnett étaient faits pour s’entendre. Les cheveux dans les yeux, le sens de l’humour, l’attitude tout le temps terriblement détachée… Tous deux se sont surtout imposés ces dernières années parmi les plus brillants songwriters et storytellers de leur génération. C’est lors d’un shooting à Philadelphie que germe l’idée d’une collaboration. Vile pose pour un photographe dans sa ville mais a l’esprit qui se promène à Melbourne. Là où vit l’une de ses auteures préférées: la piquante Courtney Barnett. Il commence à lui écrire une chanson et rêve qu’elle la chante avec lui. Magie de la musique, Over Everything ouvre deux ans plus tard l’album Lotta Sea Lice.

Barnett, qui rame à l’époque pour écrire le successeur du remarquable et branleur Sometimes I Sit and Think and Sometimes I Just Sit, aime l’idée et invite l’Américain dans sa ville pour enregistrer le fameux morceau et un deuxième qu’elle a fantasmé pour son nouvel ami. Les deux s’entendent comme cul et chemise. « On a découvert qu’on pouvait achever les choses rapidement, comme un chanteur country hors-la-loi ou Neil Young. » Vile et Barnett font les imbéciles, mangent des pizzas et terminent avec un premier paquet de chansons. Alors qu’il est en vacances à Hawaii, Kurt écrit ensuite Continental Breakfast, une ballade sur leur amitié à distance. Ensuite, retour à Melbourne pour fignoler le travail avec des musiciens embauchés pour l’occasion. Jim White des Dirty Three, la batteuse de Warpaint Stella Mozgawa et même Mick Harvey… Excusez du peu!

Good vibrations

Transat-transpacifique, les doigts de pied en éventail, Lotta Sea Lice est un disque à la coule qui a priori ne paie pas trop de mine mais constitue le genre d’album qu’on apprécie comme une chouette soirée sans prétention entre potes. Let It Go est inspiré par des SMS et des mails qu’ils se sont envoyés. Courtney chante le Peepin’ Tom de Kurt. Kurt s’attaque au Outta the Woodwork de Courtney. Le duo s’offre des reprises du Untogother de Belly (1993) et de Fear Is Like a Forest, une chanson de Jen Cloher, la petite amie de Barnett. Tout ça est tellement simple que ça en devient désarmant. Planqués sous leurs longues tignasses, chevelures qu’ils laissent souvent traîner dans leurs regards vagues et fatigués, les âmes soeurs bercent les amoureux des grandes espaces. Le tandem a entre autres pour la petite histoire reversé 1 dollar de chaque ticket de sa tournée (où il fut rejoint par Janet Weiss, la batteuse de Sleater-Kinney) à l’American Civil Liberties Union. Good vibes et bonnes actions…

JULIEN BROQUET

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