Restitution d’oeuvres: le roi Philippe n’inaugurera pas le musée de l’Afrique

La reine Mathilde s'était, quant à elle, rendue à l'exposition hors les murs du Musée royal de l'Afrique centrale cet été au Palais d'Egmont. © BELGA/Benoît Doppagne
FocusVif.be Rédaction en ligne

Le roi des Belges n’assistera pas samedi à l’inauguration, après cinq ans de rénovation, du nouveau musée de l’Afrique à Tervuren près de Bruxelles, pour ne pas « s’immiscer » dans le vif débat en cours sur la restitution d’oeuvres pillées durant la colonisation, a annoncé mardi le Palais royal.

« Les débats sur la restitution sont encore en cours, ce n’est pas tranché. Le climat n’est pas tout à fait propice à son déplacement », a fait valoir un porte-parole du Palais royal joint par l’AFP. « Le Roi ne s’immisce pas dans les débats en cours », a-t-il ajouté.

Lancé en France par le président Emmanuel Macron il y a un an, le débat sur la restitution de biens culturels africains pillés ou acquis à bas prix du temps de la colonisation a connu un fort écho en Belgique ces dernières semaines. Il intervient au moment où doit rouvrir, après cinq ans de travaux, le Musée royal de l’Afrique centrale, un site dont les origines remontent au XIXe siècle quand le roi Léopold II avait souhaité offrir aux Belges une vitrine des « bienfaits » de la présence belge au Congo, au Rwanda et au Burundi.

Rebaptisée Musée de l’Afrique (ou AfricaMuseum), l’institution revendique d’offrir désormais une lecture plus critique de la période coloniale, ainsi qu’une plus grande place aux artistes africains dans les 11.000 m² d’espaces publics proposés, au lieu de 6.000 m² avant le chantier de rénovation au coût total évalué à 66 millions d’euros. Mais certains détracteurs continuent d’y voir « un placard à trophées » à la gloire des colons belges.

Un collectif d’associations d’afro-descendants réclame à l’Etat belge la formation d’une commission d’experts pour déterminer l’origine exacte des oeuvres. « On est en retard par rapport à la dynamique internationale (…) nous voulons une commission transparente, mixte, avec un calendrier et un canevas, pas du flou », a déclaré mardi Mireille-Tsheusi Robert, de l’association Bamko-Cran, interrogée sur La Première (RTBF). « Je ne mettrai pas les pieds au musée parce que pour moi ça revient à danser et à festoyer autour de tombes », a-t-elle affirmé dans une allusion à l’exposition d’os humains ayant appartenu à des Congolais. Elle exige leur restitution.

Le musée doit rouvrir au public dimanche, au lendemain d’une cérémonie officielle réservée aux « partenaires » de la rénovation, selon la direction. C’est à cette cérémonie qu’était convié le roi Philippe samedi au côté notamment de la secrétaire d’Etat chargée de la Politique scientifique, Zuhal Demir, l’autorité de tutelle du musée. « Il y a trop d’incertitudes à ce stade sur ce que sera cette inauguration, qui y prendra la parole », a-t-on encore souligné au Palais royal, « ça va être un musée magnifique mais pour nous c’est prématuré d’y aller ».

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