Qu’est-ce qui se cache derrière le rachat du mythique studio MGM par Amazon?

© MGM - DR

Un coup dur pour l’indépendance du cinéma et la diversité du contenu audiovisuel. Quelques sociétés colossales détiennent maintenant la quasi-totalité du catalogue cinématographique actuel et des productions à venir.

La mythique société Metro-Goldwyn-Mayer Studios a été rachetée par Amazon au prix de 8,5 milliards de dollars. C’est l’une des acquisitions les plus importantes jamais réalisées par l’entreprise de Jeff Bezos. Le rachat avait été annoncé en mai 2021, mais la Commission européenne devait encore donner son accord. La Federal Trade Commission (FTC) américaine n’avait, elle, pas encore approuvé l’acquisition, mais le délai pour la contester est dépassé.

Ce rachat va permettre à Prime, le service SVOD de la plateforme, de concurrencer ses deux principaux concurrents: Netflix et Disney+, grâce aux quelque 4.000 films et 17.000 émissions du catalogue de MGM Studios. Statista indique qu’en novembre 2021, Netflix affichait 214 millions d’abonnés là où Disney+ et Prime en comptaient respectivement 118 millions et 175 millions. Ce rachat, en plus de donner un fameux atout à Prime, marque aussi l’histoire puisque MGM Studios et son lion rugissant étaient l’un des derniers studios de cinéma à ne pas appartenir à une grosse multinationale.

Parce qu’il y a toujours un « grand méchant loup »…

Quand on y jette un oeil d’un peu plus près, ce rachat est d’autant plus inquiétant que derrière la plupart des grands studios de cinéma d’aujourd’hui -à savoir Sony Pictures, Paramount Pictures, 20th Century Fox, Columbia Pictures, The Walt Disney Studios, Universal Studio et United Artists-, on retrouve une série d’actionnaires majoritaires communs. Mais celui qui revient à chaque fois dans le haut de la liste, c’est The Vanguard Group: une société américaine de fonds d’investissements dirigée par Mortimer J. Buckley. Le seul grand studio qui échappe à son influence est Warner Bros. Pictures qui appartient à AT&T, une autre entreprise américaine.

Un influence colossale et tentaculaire

Mais la liste ne s’arrête pas là. The Vanguard Group est aussi l’actionnaire qui détient le plus de parts de Netflix, de Disney+ et le second chez Amazon -par extension, de Prime aussi. Le groupe à l’influence tentaculaire possède donc aujourd’hui la quasi-totalité du divertissement audio-visuel disponible. L’entreprise de Mortimer J. Buckley est aussi un des actionnaires majoritaires de géants du net de la communication comme Facebook, WhatsApp et Alphabet Inc. (Google, YouTube, etc.), de l’industrie pharmaceutique (Johnson & Johnson, Moderna, Pfizer, AstraZeneca, Sanofi), biotechnologique (Bayer & Monsanto), pétrochimique (ExxonMobil, Esso) et de bien d’autres domaines. Cet empire soulève de nombreuses questions, ne serait-ce qu’en termes d’indépendance, de diversité et de pluralité du divertissement. Peut-on tolérer qu’une petite poignée d’individus siège au conseil d’administration de presque toutes les plus grosses entreprises du monde et décide, en même temps, de ce qui va être consommé, écouté et regardé par le reste de la population?

Certes, Amazon est déjà un colosse qui a réussi à s’introduire à peu près partout où il y avait moyen de gagner de l’argent. Mais, comme l’histoire nous le répète souvent, derrière chaque colosse s’en cache un autre. Un autre exemple de cette règle accablante est le récent rachat de Bandcamp par Epic Games. Presque aucune industrie n’y échappe.

Guillaume Picalausa

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