L’oeuvre de la semaine : Douceurs vinaigrées

« Miroirs ». © Amandine Urruty
Guy Gilsoul Journaliste

Que fait une petite fille sage née à l’heure des épisodes du jardin enchanté de Casimir pour échapper à l’ennui des beaux paysages du Gers ?

Elle va au poney-club et s’enracine à la bibliothèque municipale avant de retrouver les tortues Ninja, Babar et le Muppet show. Mais surtout elle dessine pour se raconter des histoires vraies de sorcières et de miroirs désenchantés, de petits gnomes sympathiques et d’autres sales et vengeurs, d’animaux qui parlent et de forêts qui ricanent. Elle attend son heure qui vient quand elle s’inscrit aux Beaux-Arts de Toulouse et découvre les désaventures de Bromski et de son chat Clark Gaybeul, les héros d’Edika, une des figures majeures de Fluide glacial. Après un temps où elle se fait chanteuse de bossa nova, Amandine Urruty gagne Paris et devient une pro du dessin d’imagination dont l’esthétique chaloupe entre élégance et vulgarité, douceur et arêtes acérées. Dopée par ses lectures, entre contes de fée, récits de la mythologie et regards obliques vers les oeuvres de la peinture ancienne des Flandres (gouailleuse et érudite, soignée et fantastique), Amandine Urruty (°1982) inscrit des récits au crayon noir et fusain comme Ludovic Debeurme et plus récemment Jérôme Zonder, l’un des dessinateurs les plus en vie actuellement en France et dont elle se sent proche. Evitant les vides, multipliant les ruptures d’échelle, travestissant ses personnages et adoucissant le tout en de délicats modelés, elle nous entraîne dans un labyrinthe mental au fond duquel demeure tapi le monstre absent. C’est qu’avec le sourire et beaucoup d’application, elle voyage entre ce que Mélanie Klein appelle l’amour et la haine qui habitent chacun de nous. Puis, après avoir déposé le crayon, Amadine Urruty rejoint youtube et se gave d’enquêtes sur les tueurs en série. Son préféré ? Le cannibale de Milwaukee ou encore Guy Georges qui croupit en prison non loin de chez elle…

Bruxelles, Galerie Dys. Rue de l’arbre béni 84. Sur rdv jusqu’au 31 décembre.www.galeriedys.com

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