Critique | Scènes

La Décision: quel monde laisserons-nous aux futures générations?

2,5 / 5
© céline chariot
2,5 / 5

Titre - La Décision - Les Enfants du monde à venir

Mise en scène - Vincent Hennebicq et Marine Horbaczewski

Date - Les 18 et 19/10 à la Maison de la Culture de Tournai, du 15 au 18/11 au Théâtre de Namur.

Dans La Décision, Vincent Hennebicq interroge notre présent, à l’aune de ses dérèglements, et le monde que nous laisserons à nos enfants. Après Bruxelles, le spectacle s’installe à Tournai avant Namur.

Plateau blanc, silhouettes indistinctes, musique d’orchestre live. Puis, vidéo projetée en haut de scène: visage poupin et grosses lunettes, une fillette en gros plan, noir sur blanc, interroge: “Je ne sais pas à qui je m’adresse. Je ne sais pas si vous parlez la même langue que moi.” Et nous, de comprendre progressivement ce qui va se dérouler sous nos yeux. Dix enfants sont enfermés dans une station refuge. Leurs parents les ont confiés à un humanoïde-nourrice (Jean-Baptiste Szézot). Des parents apeurés par le monde dans lequel ils vivent, et dans lequel vivront leurs enfants. Un monde pire que tout -dont on ne saura rien, sauf que l’humain l’a asséché, puisqu’il “avait tout donc ne voulait plus rien”. Ici, les enfants sont à l’abri des saisons qui passent, à l’abri du vent dans les arbres, à l’abri d’un air contaminé, à l’abri des baignades, à l’abri des réels sentiments, eux qui sont élevés par un robot. Leurs parents s’excusent via l’écran. Des parents absents, au-delà de cette unique apparition. Pour mieux laisser place aux enfants -tous issus d’académies de musique de la région bruxelloise et encadrés par Marine Horbaczewski pour le spectacle.

Poursuivre l’espérance

Ils occupent la scène de leur jeu, de leur musique, de leur candeur, de leurs interrogations, de leur fête et de leur maladresse. Jusqu’à ce que “meure” l’humanoïde et qu’ils doivent se réinventer, ensemble. “La Décision, c’est un titre antérieur au récit, nous explique Vincent Hennebicq. C’est la décision que nous, adultes, nous devons prendre pour le futur de nos enfants.Le spectacle est né après La Bombe Humaine, création précédente sur l’anthropocène, et les interrogations qu’elle soulevait. “J’ai beaucoup entendu que c’était “aux jeunes générations de jouer”’, poursuit l’auteur et metteur en scène. Mais le choc, c’était d’entendre les scientifiques avec qui on a travaillé dire que c’est en 2050 qu’on mesurera l’ampleur de la catastrophe. En 2050, mon fils aura mon âge.” Donc ce spectacle s’adresse avant tout aux adultes, capables peut-être d’enrayer un tant soi peu cette catastrophe. Et aux familles, pour soulever d’autres questions. “Ce qui me touche dans l’être humain, c’est sa maladresse. Son paradoxe. J’aime qu’avec ces enfants au plateau, on soit dans l’imprévu, pas à l’abri d’une fausse note.” Cette maladresse est complètement assumée. Maladresse qui désarçonne… Mais est-ce suffisant? “Parfois, il faut partir à la poursuite de l’espérance”, glissent les enfants, à la lumière de l’été, quand, seuls, ils prennent la décision de sortir de la capsule. “Tu crois qu’on fond quand il pleut?” Les décisions et interrogations – écrites de concert avec les enfants- sont touchantes, mais peinent à convaincre pleinement de l’urgence du propos. La fresque est certes plus profonde qu’il n’y paraît, mais on aurait aimé qu’en surgisse un questionnement plus analytique et percutant. À moins que celui-ci ne soit laissé au spectateur?

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