Critique | Gaming

« The Wreck », ce jeu vidéo qui explore le deuil, la maladie et les relations toxiques

4,0 / 5
© dr
4,0 / 5

Titre - The Wreck

Genre - Visual Novel

Édité par - The Pixel Hunt

Développé par - The Pixel Hunt

Âge - 12+

Disponible sur - Mac, Nintendo Switch, PlayStation 4/5, PC et Xbox One/Series.

Michi-Hiro Tamaï Journaliste multimédia

Entre deuil et relation toxique, The Wreck prouve que le cinéma influence, parfois, admirablement le jeu vidéo.

L’idée de boucle temporelle contamine lentement mais sûrement la pop culture. Ce tour de passe-passe narratif qui piégeait Bill Muray dans Un jour sans fin il y a 30 ans n’est pas en reste derrière les joypads. The Gardens Between, Minit, OuterWilds et 12 Minutes ont récemment exploité l’impression de revivre quotidiennement la même journée, au saut du lit. Mis en gameplay par les créateurs de Bury Me, My Love, The Wreck part en tonneau pour explorer avec une grâce infinie le deuil, la maladie et la toxicité de certaines relations.

Se vivant comme un récit d’exil syrien par smartphone interposé, Bury Me, My Love s’inspirait il y a cinq ans d’un article du Monde retraçant le voyage d’une migrante à travers son fil WhatsApp. Ce visual novel deux fois nominé aux BAFTA a marqué les gamers, jusqu’à devenir un succès commercial inattendu. Après avoir entre-temps exploré le folklore inuit sur Inua, a Story in Ice and Time, Florent “The Pixel Hunt” Maurin explore le temps suspendu d’un habitacle automobile partant en vrille pour remonter le temps.

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Collisions frontales

Formellement, The Wreck se déroule comme un point & click cinématique. Ses cadrages léchés et ses travellings jubilatoires témoignent d’une réalisation de haute volée. Interprétée par la comédienne à l’anglais très frenchy Sharlit Deyzac, Junon, l’héroïne du jeu, se retrouve face à l’impossible décision de vie ou de mort de sa mère, victime d’un accident vasculaire cérébral. Ce point de départ en milieu hospitalier la pousse vers une fuite en avant, du genre à provoquer un accident routier spectaculaire. L’occasion pour le créateur français de faire flotter dans l’habitacle des objets en apesanteur renvoyant vers des souvenirs intimes. On revit l’accident encore et encore pour tous les découvrir.

Du premier contact avec la mort pendant l’enfance à l’évocation d’un anniversaire prenant littéralement feu, chacune de ces réminiscences s’explore sur des rails invisibles dans un décor 3D. Le gamer avance et recule pour parfois s’arrêter. Et ce dernier de chercher autour de lui des objets ou des éléments déclenchant des souvenirs. Tout narratif soit-il, The Wreck n’explore pas -on le regrette- la voie du puzzle game (même léger) qui lui semblait pourtant grande ouverte.

The Wreck n’en demeure pas moins un admirable voyage dans la force émotionnelle de nos souvenirs. Le champ lexical des dialogues et monologues intérieurs (on choisit certains mots qui dirigent la pensée et les réponses de l’héroïne) de Junon s’élargit d’ailleurs, au fil de l’exploration de ses flash-back: une mère peintre à la célébrité pesante, une sœur ébahie de ne pas avoir été choisie comme exécutante de la dernière volonté maternelle… Ce jeu à l’itinéraire bref (comptez cinq heures) rejoint sans peine Heaven’s Vault, et surtout Life Is Strange1 & 2. Gage de qualité s’il en est.

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