Porcelain Id, l’une des coups de coeur du Fifty Lab

© ADEL SETA
Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

Du 15 au 17 novembre, à Bruxelles, le festival Fifty Lab proposera de découvrir aujourd’hui les têtes d’affiche de demain. Exemple avec le Belge Porcelain Id

Ce n’est pas les propositions intéressantes qui vont manquer lors du prochain Fifty Lab. Que ce soit niveau styles ou nationalités. On fait toutefois le pari que l’une des meilleures pioches du festival sera belge: Porcelain Id. Passé·e par la Focus Music Box cet été, iel avait publié un premier EP l’an dernier. Intitulé Reprise, il avait permis de débroussailler son univers. Et au quotidien De Morgen, par exemple, de parler d’un·e “folk singer de la nouvelle ère. À l’analyse, Porcelain Id est surtout le genre d’artiste que l’on réussira à faire rentrer dans une case musicale à peu près aussi facilement qu’un navetteur dans le Bruxelles-Liège de 16h52.

Eloge de la fragilité

Hubert Tuyishime de son vrai nom est né·e à Kigali en 1998. C’est une infection des reins qui l’amène en Belgique, à l’âge de 6 ans. “Le docteur avait conseillé à mes parents un spécialiste à l’hôpital Gasthuisberg à Leuven.” Le traitement est lourd. Il passe par une greffe. Quand l’hôpital trouve enfin un donneur, Hubert Tuyishime a 11 ans et s’est complètement intégré à son nouvel environnement flamand. Durant toutes ces années, il a également pu suivre des séances de thérapie en musique, pour l’aider à supporter la maladie. Du côté de mon père, je sais qu’il y a pas mal de musiciens. Mes parents m’avaient aussi inscrit dans la chorale de l’église, plus jeune. Mais c’est vraiment là, vers 2008-2009, que j’ai plongé dans la musique et que j’ai pu commencer à m’enregistrer.” Aujourd’hui, iel joue de la guitare et chipote au piano. “Mais l’idée n’a jamais été de devenir virtuose. Je veux plutôt me servir de la musique comme outil d’expression.

Après un premier groupe en secondaire, et des études artistiques à Anvers, Tuyishime se lance en solo. Iel est aujourd’hui signé·e sur le label de Meskerem Mees. Avec un nom de scène qui sonne presque comme un manifeste. Une déclaration d’intention pour un·e artiste queer qui a fait de la vulnérabilité le seul élément vraiment “affirmé” d’une identité qui, par ailleurs, revendique le flou.

Entre Shakespeare et Vondel

Entre les genres donc. Mais aussi entre les langues, Porcelain Id alternant chant en anglais et néerlandais: “C’est une manière pour moi de leur adresser une lettre d’amour. Ou encore entre les styles. Sur le single Man Down!, annonciateur de son premier album, prévu pour février prochain, Porcelain Id a imaginé par exemple la rencontre entre les ambiances gothiques de Nick Cave et les synthés saturés du Yeezus de Kanye West. Improbable? Absolument. Ce qui rend la réussite du morceau, aussi fragile que magnétique, d’autant plus spectaculaire.

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Le Fifty Lab est en vue! Lancé en 2019, l’événement est désormais bien installé dans le calendrier. On rappelle le principe: celui d’un festival de showcases -des concerts-présentations de 20-30 minutes- axé sur les artistes émergents. En tout, ce seront une soixantaine de propositions qui vont s’enchaîner en seulement trois jours, au cœur de Bruxelles -dans son hypercentre même, de l’Ancienne Belgique au Beursschouwburg, en passant par le Bonnefooi, le Café Delune et son décor Art nouveau, ou encore le rooftop de la Bourse.

Pour se faire une idée de ce qui agite la marmite musicale du moment, pas question ici de se laisser guider par les algorithmes ou les dernières tendances TikTok. Le Lab fait plutôt confiance à ses curateurs. En l’occurrence, une vingtaine de festivals répartis dans toute l’Europe (mais pas seulement) -du Brighten the Corners en Angleterre aux célèbres Bars en Trans rennais, du Rock for People tchèque à La Nature dans les Fagnes, etc.

Chacun a refilé l’un ou l’autre nom pour constituer une affiche qui mélange allègrement les genres: rock, électro, rap, hyperpop, etc. Des exemples? Le rap léché et introspectif de Tuerie, la chanson à tête chercheuse de la comédienne et réalisatrice Marguerite Thiam, la saudade électronique des Belges d’Ão, le jeune prodige londonien Nino SLG, Dorian Dumont qui rejoue Aphex Twin, etc.

www.fiftylab.eu

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