« Passer la journée en slip », un hymne à l’oisiveté pour votre confinement

© Pierres
Kevin Dochain
Kevin Dochain Journaliste focusvif.be

Et si, pour détendre l’atmosphère, on se passait en boucle le nouveau morceau de Pierres (au pluriel), qui est peut-être la première chanson belge « made in corona »?

« Cinquième jour en slip (enfin presque, un petit pull de temps en temps, je vais pas vous mentchir) », ironise Pierres sur les réseaux sociaux pour annoncer la sortie de son nouveau morceau de circonstance, « hymne à l’oisiveté, vertu longtemps boudée la pauvre, dénoncée même, et qui peut aujourd’hui sauver des vies (qui l’aurait cru) ». Dans un contexte où la tension est palpable en permanence, où la perte de repères est généralisée, il est bon de prendre toute la légèreté qu’on nous offre, et cette chansonnette bossa décontractée fera parfaitement l’affaire. Conquis, on a voulu en savoir un peu plus sur sa confection. On a donc posé quelques questions par webcams interposées à Pierre (au singulier), frontman moustachu de ce drôle de groupe découvert au dernier Parcours Francofaune.

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C’est quoi l’histoire du morceau?

À la base, ça ne devait pas sortir dans ce contexte. Rémi Rotsaert, de Dalton Télégramme, m’a proposé d’écrire une chanson pour un événement qui s’appelle La Fête du Slip, qui devait avoir lieu le 8 mai, et qui soutient les ateliers Zone-Art, des lieux de créations essentiellement dédiés à des personnes en situation de handicap mental. L’idée, c’est que le slip, c’est le dernier rempart avant d’être vraiment à poil.

On m’a donc proposé de faire une chanson que j’y jouerais. Le thème, très général, c’était le slip. J’adore fonctionner sur des contraintes. C’est là que je sors le meilleur de moi-même. J’ai composé cette chanson, et quand j’ai vu que trois jours après, le monde avait basculé, je me suis dit que ça faisait écho à la situation. Au départ, la chanson parlait de ma situation personnelle, qui est celle d’un tout nouveau chercheur d’emploi, confiné malgré lui dans sa maison (rires), qui essaie de se discipliner pour faire quelque chose de productif.

Comment vis-tu le confinement, justement?

Ça ne change pas tellement de ce que je faisais avant, sauf que là, je suis entouré. Par ma copine, par exemple, qui est toujours là. C’est bien plus facile pour se motiver. Se discipliner pour structurer sa journée, c’est quelque chose d’hyper important si tu ne veux pas tourner en rond et devenir fou. C’est quelque chose que j’ai appris dès janvier, quand je me suis mis au chômage.

C’est marrant de le vivre aussi « bien ».

Je ne suis pas le seul. Je le vis bien parce que j’ai un peu de réserves, un peu de place dans l’appartement. J’ai d’autres potes pour lesquels c’est plus difficile.

Le morceau a été enregistré à la maison, pendant le confinement?

La chanson existait, mais uniquement sur papier et dans ma tête. Là, ça m’a obligé à l’enregistrer, à faire des arrangements peut-être assez rudimentaires, mais qui font la légèreté du morceau.

Tu t’es dit « c’est le moment »?

Pour faire un énorme buzz (rires)! Mais surtout pour partager quelque chose de léger dans un climat assez lourd.

Est-ce que l’oisiveté, c’est une forme de solution à cette situation de crise?

Je me suis senti hyper mal, en partageant le morceau sur Facebook. La gloire de l’oisiveté, ce n’est pas pour tout le monde. C’est ça qui est hyper paradoxal. On dit à tout le monde de rester chez lui, mais si c’était le cas, on ne saurait pas vivre (« Mes pensées pour celleux qui tout en slip qu’iels sont, ont enfilé blouse blanche, tablier et autre uniforme au service de la communauté », explique-t-il sur Facebook, NdlR). Je me sentais un peu coupable, face à ce message assez paradoxal qui ne parlait pas à tout le monde. Donc oui, l’oisiveté pour certains, mais en pensant que d’autres n’ont pas le choix. J’étais partagé. Tout va hyper vite avec les réseaux sociaux, surtout en cette période où tout le monde est dessus. À chaque heure, tu as une vision de ce qu’on est en train de vivre qui est différente, qui change tes perspectives.

Hier soir, j’ai vécu mon premier applaudissement au balcon. C’est tellement fort! On s’est quittés en se disant « à demain », alors que je ne connaissais personne. Ça fait deux ans que j’habite ici, et c’est la première fois que je voyais les visages qui m’entourent tous les jours. Et on s’est dit à demain…

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