Critique | Dour Festival

Du carton de Tiakola au mystérieux Liberato: les tops et flops de jeudi à Dour

En attendant la sortie de leur premier album en septembre, les Namurois de Glauque ont démontré qu’ils avaient tout pour cartonner.
Julien Broquet Journaliste musique et télé
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

Du carton de Tiakola à l’introspection contagieuse de Glauque en passant par les merveilleux The Notwist. La deuxième journée de Dour passée au crible.

Le plus populaire : Tiakola

L’autre jour, Booska-P publiait un dossier questionnant l’absence du public issu «des quartiers populaires» en festival. Il était peut-être quand même bien présent à Dour, jeudi soir, pour le concert de Tiakola. Si, dès sa sortie, Mélo a bien fonctionné, il n’y avait sans doute pas grand-monde pour imaginer que le premier album solo du membre de 4Keus allait cartonner à ce point. On a pu encore s’en rendre compte jeudi soir. Dans la Boombox, le rappeur/chanteur a rameuté la grande foule, qui ne s’est pas fait prier pour reprendre en chœurs son mélange rap/R&B/afro. Le plébiscite du jour.  

La plus hot : Maureen

Vue aux côtés de Kalash, la Martiniquaise Maureen est venue professer la bonne parole shatta – ce dérivé antillais du dancehall. Twerks appuyés, grands écarts à répétition, sur basses XXL : avec ses danseuses, Maureen n’a eu aucun mal à faire chauffer la marmite de la Boombox.

Le plus mystérieux : Liberato

Gardant son identité secrète, Liberato chante en dialecte les quartiers populaires de Naples, sur des productions trap-pop. En Italie, il est devenu l’une des superstars du moment. Sur disque, il faut bien avouer que l’on était malgré tout un peu resté à quai. En live, le « Elena Ferrante » de la pop italienne réussit cependant à donner une envergure supplémentaire à sa chanson italienne 2.0.

Le plus frustrant : Isha

Il y a des jours comme ça où, même à Dour, la sauce tarde à prendre. Dieu sait qu’on adore Isha et sa poésie à ras de bitume. Mais dans la Boombox, le rappeur bruxellois a mis du temps avant de trouver la connexion. Même Stan, son meilleur binôme, a commencé à s’inquiéter – « Vous êtes sûr qu’on est à Dour ? ». Ce n’est qu’à la moitié, en enchaînant notamment On sourit pas sur les photos et La réincarnation de Biggie que le concert va se débloquer. Plus tard, Gutti – « notre joker », présente Isha – vient encore souffler sur la flamme. Mais on est déjà à la fin. Frustrant. 

Le plus inutile : Ken Carson

From Atlanta, le berceau de la trap, l’un des protégés de Playboi Carti. Dans la Boombox, on a attendu pendant un quart d’heure qu’il commence à rapper. Sans résultat…

La plus vindicative : Grove

Passée en novembre dernier par le Beursschouwburg pour le festival Fifty Lab, la fille de Bristol a tout pour briller sur le circuit rap. Un discours socio politique virulent (elle s’en prend aux proprios mais pas que), des beats tordus, un esprit punk, un solide flow et une grosse énergie. La nouvelle voix radicale (mais sympa) du dancehall queer.

Le plus désert : Ada Oda

Ouvrir la journée sur la grande scène. Sur papier, ça aurait pu le faire. Il n’y avait malheureusement pas un chat jeudi après-midi du côté de la Last Arena (capacité 20.000 festivaliers) malgré le soleil et un super concert pour les chansons en italien des Bruxellois d’Ada Oda.

Le plus teaser : Glauque

Ils reviennent des Francos de Montréal. Se produiront notamment encore cet été à Rock en Seine. En attendant la sortie de leur premier album en septembre, les Namurois de Glauque ont démontré qu’ils avaient tout pour cartonner. Un gros son, une farouche volonté d’exploration et une vraie singularité. Ambiance sombre, textes forts. Le hip hop autrement.

Le plus surréaliste : The Notwist

On se demande parfois ce qui traverse la tête des gens. Alors que les Allemands de The Notwist, pourtant des habitués (2007, 2008, 2014), livraient devant deux pelés et trois tondus (on se serait cru à Pavement aux Ardentes en 2010) ce qui reste sans doute le meilleur concert de la journée, appuyant sur leurs côtés les plus bruitistes et kraut, des festivaliers se sont mis à danser en mode Cotton Eye Joe. Euh…

Le plus dispensable : Grace Ives

Il y a clairement un côté Billy Nomates du pauvre dans l’univers de cette New-yorkaise qui chante sa vie quotidienne et reprend les Ramones. Fille du directeur de la photographie Tim Ives (Girls, Stranger Things, Love and Death…), Grace n’a pas convaincu. Un live sans intérêt.

Le plus habitué : Do or Die

On a eu l’impression de s’être retrouvé catapulté il y a 22 ans. D’avoir embarqué dans une machine à voyager dans le temps et de voir ces bons vieux terrils à la place des éoliennes. Pour leur septième concert à Dour, le premier depuis 2016, les régionaux de l’étape ont chauffé le Garage à blanc. Dans ce nouveau chapiteau de 1000 âmes censé ramener les rockeurs au festival, le fer de lance version Chris Michez du hardcore et metalcore made in Belgium a dépoté.

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