Olivier Van Vaerenbergh
Olivier Van Vaerenbergh Journaliste livres & BD

CINÉMA ET BD N’ONT PAS LE MONOPOLE DES MORTS-VIVANTS. LA LITTÉRATURE DE GENRE RENOUE ELLE AUSSI AVEC CE PHÉNOMÈNE DE MODE. UN RETOUR AUX SOURCES.

Déchirés

DE PETER STENSON, ÉDITIONS SUPER 8, TRADUIT DE L’AMÉRICAIN, 318 PAGES.

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Le Jour où les zombies ont dévoré le Père Noël

DE S.G. BROWNE, ÉDITIONS MIROBOLE, TRADUIT DE L’AMÉRICAIN, 224 PAGES.

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« Les vrais zombies ne sont pas des parodies à la Romero. Nous sommes juste des cadavres réanimés normaux et sensibles qui se décomposent peu à peu et qui auraient sérieusement besoin d’une psychothérapie. Pas de gémissements, pas de grognements. Pas de déchiquètements de crânes à coups de dents. Aucune de ces inepties hollywoodiennes à la con. Sauf pour ce truc de manger de la chair humaine. Il s’avère qu’ils ont eu raison là-dessus. » Andy Warner sait de quoi il parle: il est lui-même un mort-vivant, et un héros de roman depuis Comment j’ai cuisiné mon père, ma mère… et retrouvé l’amour. Le voilà de retour dans Le Jour où les zombies ont dévoré le Père Noël, hilarant récit horrifique et satirique de S.G. Browne où, malgré une peau en lambeaux et un fichu mal de tête causé par une balle, Andy révèle un coeur d’or, et peu importe qu’il ne batte plus. Il incarne en tout cas à lui seul ce retour en grâce des zombies dans la littérature de genre.

Genre moribond

Depuis quelques années déjà, les zombies ont la cote, principalement au cinéma et en bande dessinée, où, de Walking Dead à World War Z, les morts-vivants se sont avérés être de redoutables faiseurs de dollars. Une tendance populaire qui donne désormais un nouveau coup de fouet à la littérature de série Z (comme Zombie), plus vivace que jamais, y compris en français: parallèlement au retour d’Andy le zombie, la jeune maison d’édition Super 8 vient ainsi de publier Déchirés de Peter Stenson, un roman d’horreur drôle qui se joue lui aussi des clichés du genre. Si les rues grouillent de zombies avides de chair humaine, et s’ils ricanent ici plus qu’ils crient, le « héros » du livre est lui un autre genre de mort-vivant puisque accro, jusqu’à l’os, à la méthamphétamine. Un parallèle atrocement drôle entre deux types de zombies, et suffisamment bien écrit pour sortir le genre du ghetto où il s’était enfoncé -on a vu passer il y a peu un Zombies contre Licornes qui ne présageait rien de bon. Ces deux sorties, qu’on peut conseiller à tous ceux qui aiment les mauvais genres, le style US et l’humour vache, relancent en tout cas l’intérêt, et sans doute de futures traductions: les catalogues US sont probablement bourrés de perles zombies, à l’image d’un Max Brooks, auteur du fameux World War Z ou, plus tôt encore, d’un Guide de survie en territoire zombie qui mérite le détour. La littérature est en tout cas de plus en plus moribonde, sans qu’on y voit forcément une mauvaise nouvelle.

OLIVIER VAN VAERENBERGH

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