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La Folle Journée de Ferris Bueller © National

Voyage dans 50 ans de cinéma en compagnie de Paul Hirsch, monteur oscarisé du premier Star Wars, mais aussi de onze films de Brian De Palma.

La Folle Journée de Ferris Bueller
La Folle Journée de Ferris Bueller © National

Le titre de ses mémoires vaut carte de visite: Paul Hirsch n’est autre que le monteur du premier volet de La Guerre des étoiles, un film qui devait lui valoir un Oscar amplement mérité. D’autres auraient sans doute pu s’y ajouter, sa carrière comptant de nombreux morceaux de bravoure –L’Empire contre-attaque, d’Irvin Kershner, souvent considéré comme le meilleur épisode de la saga imaginée par George Lucas, mais aussi onze films de Brian De Palma, au rang desquels Obsession, Blow Out et Mission: Impossible; le cultissime La Folle Journée de Ferris Bueller de John Hughes; Footloose de Herbert Ross; Ray de Taylor Hackford; et jusqu’à Source Code de Duncan Jones.

Affaire de Rolls

Plongeant dans les coulisses d’un demi-siècle de cinéma américain, de Hi, Mom!, sa première collaboration avec De Palma, en 1970, à The Mummy d’Alex Kurtzman, 47 ans plus tard, ses mémoires se dévorent d’un trait. Hirsch module habilement secrets de fabrication en mode “making of” (la scène du bal de Carrie, par exemple, n’aura plus de secrets pour le lecteur) et anecdotes de tournage, alliant pédagogie et sens du récit. À titre d’exemple, les quelques pages qu’il consacre à Bernard Herrmann, le légendaire compositeur de Welles et Hitchcock qu’ils sortirent de son oubli londonien, De Palma et lui, pour écrire la musique de Sisters, sont un régal -“Quand on s’achète une Rolls-Royce, on ne demande pas combien elle consomme aux 100 kilomètres. C’est 20 litres, si vous voulez savoir. Je le sais parce que j’en ai une”, observera le génie irascible suite aux réticences du producteur Ed Pressman face à ses besoins. Et l’on en passe, Francis Ford Coppola débarquant à une soirée au volant de sa Tucker 48, ou Harrison Ford enregistrant pour L’Empire contre-attaque la voix off une bande-annonce qui ne sera finalement pas retenue…

© Frederic Delchambre

S’il y a là une mine d’informations sur les films comme sur ceux qui les ont fait, Paul Hirsch enregistre aussi les mutations d’une industrie, passée, chemin faisant, au numérique, avec un impact considérable sur le travail de monteur: “Avant l’ère de l’ordinateur, couper de la pellicule nécessitait autant de talent que de goût. Monter des rushes était comme décorer des fresques; il vous fallait être vif et infaillible. Vous aviez une relation physique directe et intime avec un medium tangible et il y avait une prime liée au fait de réussir à en tirer parti du premier coup, ou du moins très vite. On dansait sur le film, et les machines sur lesquelles nous montions étaient nos alliées.Une époque révolue, mais un constat posé sans amertume, un enthousiasme intact transpirant de ses souvenirs…

Il y a bien longtemps, dans une salle de montage lointaine, très lointaine…

De Paul Hirsch, éditions Carlotta, traduit de l’anglais (États-Unis) par Pierre Filmon, 480 pages.

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Paul Hirsch sera l’invité du cinéma Palace, à Bruxelles, pour une master class le 30 mars à 15 heures et la projection de La Folle Journée de Ferris Bueller, la veille à 19 heures.

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