Michel Verlinden
Michel Verlinden Journaliste

Abstraction manga – A la croisée de l’art décoratif et de l’art plastique, le japonais Icon Tada livre une ouvre magnétique.

Par Icon Tada, Galerie Magda Danysz, 78 rue Amelot, à 75011 Paris. Jusqu’au 17/1/09.

S’il vit et travaille à Singapour, Icon Tada est pourtant bien japonais. Impossible pour lui de cacher cette appartenance imprimée au fer rouge. On imagine d’ici son enfance, entre jeux vidéo et lecture intensive de strips nippons. Pourtant, les références à la culture du pays du Soleil levant qu’il distille ne clignotent pas en lettres fluorescentes sur les différents supports qui sont les siens. Abstrait, son travail se donne plutôt à la façon d’un condensé d’esthétique post-manga. Les formes et les couleurs s’entremêlent pour emmener l’£il du côté de boules Pokémon, de tons acidulés et de l’univers flash d’un Murakami. S’il £uvre depuis un moment, il revient aujourd’hui à Paris avec une nouvelle version de son travail. L’occasion de mesurer l’évolution de ses références formelles. Verdict? Un magnétisme visuel accru s’échappe de ses £uvres.

Numérique causa

Pour Tada, l’ordinateur est l’alpha, l’oméga, le pinceau, la toile, la matrice. Il s’agit d’une peinture digitale qu’il orchestre au départ d’un logiciel spécialement conçu à cet effet. A l’intérieur de celui-ci, il consigne des formes: cercles imparfaits, dégoulinures, points et désormais anneaux. Ces formes rencontrent des couleurs – éclatantes mais aussi parfois plus sombres – à la faveur de sarabandes dont il est le savant ordonnateur. Lorsque le résultat – qu’il n’anticipe jamais – est probant, Tada l’enregistre sous forme de sauvegarde. Des data que par la suite, il reprendra et remettra en branle graphique, multipliant les combinaisons et les supports. Le tout pour un travail jamais achevé mais comme pris en photo à un temps T avant qu’au gré de l’imagination ne surgissent T1, T2, T3…

Ces références à la physique ne doivent pas effrayer, ses « toiles » étant avant tout caractérisées par une grande immédiateté et un superbe rendu. C’est ce qui frappe d’ailleurs lorsque l’on découvre les trois niveaux de l’exposition à la galerie Danyz. Surtout au rez où il a habillé les murs de papier peint grand format – papier peint qu’il est possible d’acheter par bande. A cet endroit précis, Tada sort du cadre pour s’approprier toute la surface, faisant totalement corps avec la galerie.

www.magda-gallery.com

Michel Verlinden

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