Olivier Van Vaerenbergh
Olivier Van Vaerenbergh Journaliste livres & BD

LES ARCANES D’ANDREAS – ENTRE UNE EXPOSITION, UNE INTÉGRALE ET UN NOUVEAU CAPRICORNE, LE FANTASTIQUE ANDREAS REVIENT À RORK, ENCORE PLUS CULTE QUE LUI.

DE ANDREAS, ÉDITIONS LE LOMBARD.

On a sans doute tendance à galvauder le terme d’auteur culte. Il est donc bon d’en redonner une définition: l’auteur culte jouit d’une £uvre (très) particulière, d’amateurs éclairés voire obsessionnels, et d’un public fidèle mais relativement restreint. Soit exactement le sort réservé à Andreas depuis bientôt 40 ans d’une carrière rectiligne comme ses cases. L’auteur, aussi mystérieux que ses personnages et ses séries ésotériques, s’offre cette fois une visibilité qui pour l’instant l’amuse et fait la joie de son éditeur, visiblement nourri à Rork, découvert dans Tintin en 1978: alors que sort le 16e tome de Capricorne et une intégrale de son premier personnage, phare de toute son £uvre, Andreas s’offre également une première grande expo et un retour, 20 ans après ses dernières aventures tout en hachures, masses noires et verticalité, à Rork, avec un « vrai » nouvel album. Qui restera unique, puisque voilà le « tome zéro », fournissant quelques clés à une £uvre à la fois complexe, cohérente, en permanence reliée à elle-même… et aux mille portes d’entrée.

 » Rork, c’était fini depuis longtemps, j’avais perdu le contact avec lui, raconte l’auteur fantastique, nourri de Jean Ray, en marge d’une conférence parisienne. Mais j’ai eu en tête cette histoire de fantômes, qui ne correspondait ni à Capricorne, ni à Arq, mes deux séries principales. Comme toujours, c’est l’histoire qui a imposé le bon contexte, et Rork était parfait ici. J’avais peut-être envie de le faire revivre, inconsciemment. La part inconsciente a toujours joué un rôle important dans mes livres, comme l’approche psychologique. Dans Fragments (premier album de Rork où il fait face à sa maison se décomposant en un puzzle 3D, scène la plus culte de l’auteur culte, ndlr) , c’est évident aujourd’hui que j’exprimais mon rapport aux femmes! »

Recherches formelles

Si l’évidence n’a jamais fait partie de son £uvre -une attachée de presse nous racontait dernièrement les angoisses qui la secouaient au début de sa carrière lorsqu’il s’agissait de résumer ses albums-, Andreas mérite effectivement bien plus que le seul culte des initiés. Si son univers fantastique est à mettre en parallèle avec ceux de ses camarades et maîtres que furent Eddy Paape, Cossu, Berthet, Foerster ou Schuiten, le dessinateur a, lui, repoussé bien des frontières en termes de narration, de recherches formelles et d’expérience picturale. Même s’il se veut, encore et avant tout, un raconteur d’histoires, fidèle à jamais au medium bande dessinée: l’exposition qui se tiendra à Saint-Malo en octobre et à Angoulême en janvier, présente ainsi essentiellement et à sa demande des planches à vocation narrative – » J’ai longtemps refusé toutes les expositions. L’original, pour moi, c’est l’album. Des expos, je n’en ferai pas beaucoup plus. » Une bonne raison pour ne pas rater celle-là quand elle passera en Belgique.

FESTIVAL QUAI DES BULLES, À SAINT MALO, DU 26 AU 28/10,

FESTIVAL D’ANGOULÊME, DU 31/01 AU 03/02.

RETROUVEZ L’INTERVIEW COMPLÈTE D’ANDREAS SUR LE SITE DE FOCUS.

OLIVIER VAN VAERENBERGH

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