La Voix de Zazar

© National

Carol n’imaginait pas la tournure tragique qu’allaient prendre les événements en embarquant sur cette croisière interstellaire. Parti avec la conviction qu’il allait sauver son couple, c’est complètement seul qu’il se réveille de la cryogénisation, après trois semaines de sommeil artificiel dans un vaisseau à la dérive. Privé de nourriture digne de ce nom, il s’est d’abord rabattu sur les poches de sang dans l’infirmerie. Après épuisement de celles-ci, il a dû se résoudre à manger Frank, employé de la compagnie, trouvé dans un frigo. Mais Frank ne lui a pas seulement rempli le ventre, il l’a aussi aidé à ne pas devenir complètement dingue… en lui faisant la conversation. Geoffroy Monde n’aime rien moins que de balader son lecteur dans différents registres littéraires. Commencé comme une histoire de survie, le récit glisse peu à peu vers un thriller psychologique pour finir en mode “vendetta”. Aux antipodes de ses précédentes productions, l’auteur a également épuré son style graphique. Les personnages ressemblent à des marionnettes à main, évoluant dans un environnement guère plus détaillé, qui confère à l’ensemble un air de jeu vidéo primaire, voire d’un simulateur. Les traits des visages, quand il y en a, n’en sont que plus expressifs. Cette simplicité apparente n’enlève rien non plus à la puissance de l’histoire. C’est particulièrement vrai dans la première partie, où alternent dans chaque case le bleu et le rouge, figurant un gyrophare de secours. Enfin, ne reniant pas ses débuts dans le métier, Geoffroy Monde parsème son récit de touches d’humour bienvenues. Loin de perdre son lecteur en faisant prendre à sa narration différentes directions, il parvient à le tenir en haleine de bout en bout.

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De Geoffroy Monde, éditions Atrabile, 248 pages.

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