The Australian Queen – Baz Luhrmann signe une fresque épique au kitsch assumé, mais s’égarant parfois entre western, mélodrame familial et film de guerre.

De Baz Luhrmann, avec Nicole Kidman, Hugh Jackman, Brandon Walters. 2 h 46. Sortie 17/12.

Lorsqu’elle arrive à Darwin, à la veille de la Seconde Guerre mondiale, Lady Sarah Ashley (Nicole Kidman), une aristocrate anglaise, découvre un monde auquel elle n’est que fort peu préparée – il ne faudra que quelques minutes pour que le contenu de ses cartons à chapeaux et autres malles ne s’éparpille dans la poussière.

Armée de ranc£ur et de raideur, elle n’a entrepris le voyage des antipodes que pour y solder ses comptes avec un mari volage. Et, par la même occasion, liquider Farewell Downs, le ranch dont elle est l’héritière. Les événements – la mort dramatique de son mari, doublée de combines visant à la spolier de son bien au profit d’un éleveur souhaitant conforter son monopole sur les ventes à l’armée – l’amènent, toutefois, à reconsidérer sa position. Et à trouver en Drover (Hugh Jackman), un convoyeur de bétail doublé de l’archétype du rustaud sorti tout droit de l’outback, un improbable allié de circonstance. Le temps et les épreuves aidant, son nouvel environnement, physique comme humain, peuplé de quelques aborigènes, autant de cow-boys, et guère moins d’originaux hantant le ranch, déteint insensiblement sur elle…

A l’évidence son £uvre la plus ambitieuse à ce jour, Australia voit Baz Luhrmann s’essayer à un périlleux exercice de haute voltige, le film s’articulant suivant des arcs multiples. On y verra, pour ses intentions en tout cas, un Out of Africa à la mode australienne: voilà une histoire qui est celle d’un accomplissement personnel – une femme se réinventant -, en même temps qu’un récit des origines, que prolonge un réquisitoire contre la ségrégation ayant longtemps sévi en Australie. Perspective servie avec un souffle incontestable, et même magistral, combinant, dans une exceptionnelle première partie, la souveraine beauté du cadre, la majesté du mouvement et l’efficacité de la narration.

Le problème majeur d’ Australia tient à sa richesse même, à un foisonnement qui voit bientôt Baz Luhrmann juxtaposer plusieurs films. Si, après une ouverture en mode de comédie mineure, le cinéaste se montre particulièrement à l’aise sur le terrain du western, il se révèle nettement moins convaincant, en effet, dans l’exercice du mélodrame familial, son cinéma, tout en forme(s), n’ayant guère la profondeur requise.

Un charme indiscutable

Cela posé, et pour autant que l’on soit sensible à une esthétique convoquant volontiers les motifs outranciers – on n’est pas prêt d’oublier, par exemple, le gros plan sur les chaussures de Dorothy, dans The Wizard of Oz, projeté sur écran en plein air alors que l’aviation japonaise commence à pilonner Darwin -, et un tant soit peu réceptif à un traitement cousin du roman-photo, voilà un film dont le charme opère indiscutablement. Australia n’est certes pas la grande fresque à la Gone with the Wind annoncée. Pas plus, d’ailleurs, qu’un succédané de Ballroom Dancing ou Romeo & Juliet – précédents films de Baz Luhrmann à l’originalité plus criante. Mais voilà une envolée romanesque qui, toute artificialité et envolées kitsch dehors, charrie des torrents d’émotions. On en ressort submergé…

www.australiafilm.be

Jean-François Pluijgers

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