On a assisté au 1er concert de Lomepal au Palais 12: une formule pop-rock efficace

Lomepal, même coupe, autre regard. © manu fauque
Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

Mercredi soir, Lomepal donnait la première de ses deux dates bruxelloises dans un Palais 12 archi-sold-out. Compte-rendu.

J’en avais marre de voir ma gueule ». C’est ce qu’avait expliqué Lomepal, au moment de la sortie de Mauvais ordre, en septembre dernier. Les cartons de FLIP et Jeanine, et la surexposition médiatique qui avait suivi, avaient en effet laissé des traces. Au point de laisser Antoine Valentinelli groggy. Pour se relancer, le néo-trentenaire avait eu besoin de se décaler. Par exemple en laissant le regard de sa compagne, l’actrice Souheila Yacoub, occuper l’essentiel de la pochette de son nouvel album – là où d’habitude sa tronche prenait toute la place. En arrêtant aussi de creuser son parcours perso cabossé, pour s’essayer à une écriture plus « fictionnelle » et incarner davantage des personnages.

Lequel de ces rôles allait-il prendre le dessus ? Mercredi, au Palais 12, il n’a pas fallu attendre longtemps pour être fixé : ce soir, Lomepal est en mode pop-rock. Pour la première de ses dates bruxelloises, archi-sold out, le Parisien donne bien encore quelques gages rap. Il laisse par exemple Limsa d’Aulnay faire sa première partie – lequel invitera Isha et JeanJass sur scène (contrairement à l’hôte du soir, qui préférera partager un bout de gâteau en coulisses avec ses potos bruxellois, plutôt que la scène). Quelques minutes avant le début du concert, la sono laisse encore planer le doute, en passant un morceau des Strokes entre Kendrick Lamar et Asap Rocky.

Sur le coup de 21h05, c’est pourtant bien avec un groupe guitare-basse-claviers-batterie que Lomepal, tout de blanc vêtu, monte sur scène. Celui avec lequel il enregistré une bonne partie de l’album Mauvais ordre. Celui aussi avec lequel il pose sur les t-shirts de la tournée : un modèle noir délavé, comme sorti tout droit du merch’ d’un groupe indé des années 2000. D’où la question : jusqu’à quel point Lomepal est-il à l’aise dans le format ? Comment incarner une esthétique sans risquer le revival creux ? – voire le syndrôme groupe de reprise, comme celui dans lequel Lomepal joue d’ailleurs déjà, nommé les Estrokes…

Soyons de bon compte. Lomepal a toujours clamé son amour pour le rock. Il n’a pas attendu non plus Mauvais ordre pour en intégrer des éléments dans sa musique. Cette fois, cependant, le pli est pris et plus que jamais assumé sur scène. Et force est de constater que la formule est particulièrement efficace. En démarrant avec Auburn, Lomepal laisse toute la place à une guitare twang électrisante. Juste derrière, 50° annonce que la fin est proche en jouant la saturation. Ce qu’on appelle un démarrage en fanfare.

L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.

A la sortie de Mauvais ordre, le rappeur expliquait en interview à quel point il avait dû creuser loin pour arracher de nouvelles mélodies. Ce qui s’entendait parfois sur certains morceaux un peu trop cadenassés. La bonne surprise du soir est donc de voir ces titres enfin s’épanouir sur scène. A l’image par exemple d’Etna, Pour de faux ou même l’excellent Crystal (prouvant que Lomepal a aussi beaucoup écouté les derniers Arctic Monkeys).

Murder ballads

Mauvais ordre ne compte pas vraiment de tubes évidents. Mais là aussi, Lomepal peut être rassuré : mercredi soir, cela n’empêche pas le public de reprendre en chœur la quasi-totalité des titres. Y compris les plus récents. A certains moments, le chanteur semble même un peu dépassé par l’engouement, comme perdu dans son propre concert, se prenant ici et là les pieds dans son texte. Bruxelles constituait seulement la seconde date de la tournée : à plusieurs moments, le show doit encore se rôder et se fluidifier – à l’instar de la cheville foulée de Lomepal (« Des applaudissements pour mon kiné Stanislas qui fait le max pour la remettre en ordre »).

Même fragilisé, Lomepal maîtrise cependant toujours autant la scène. Impressionnant vocalement, il n’a pas oublié ses anciens morceaux- Yeux disent et Mômes, comme principaux moments forts. Mais ils les délivrent de manière parcimonieuse, et dans des versions « groupe » qui n’ajoutent pas toujours grand-chose. Pommade, le classique de FLIP, tombe par exemple un peu à plat. Ce n’est peut-être pas qu’une question de relecture. Il est aussi l’un des rares morceaux plus « légers » et crâneur, dans une setlist qui cherche la dynamique ailleurs. Dans une énergie plus rock ? En tout cas, dans une tension qui, au-delà des genres, est d’abord amoureuse.

L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.

Lomepal aime les sensations fortes, et les trouve souvent dans des histoires de couples qui se déchirent. Que ce soit dans Yeux disent, Trop beau, ou encore Etna, plus très loin de la murder ballad à la Johnny Cash (« Je vais faire, feu, juste pour voir”, là où Cash dégainait : « I shot a man in Reno/just to watch him die »). C’est encore le cas pour l’unique rappel. Après de (très) longues minutes, Lomepale revient pour donner une version apocalyptique de Decrescendo. « J’ai bientôt plus rien à perdre/Je vais m’occuper de ce quelqu’un d’autre », répète-t-il en boucle, noyé dans les synthés métalliques. Mercredi soir, l’homme en noir était vêtu de blanc…  

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content