Critique | Livres

Tendre hiver

4 / 5
© National

Jérôme d'Astier, Arléa

Tendre hiver

135 pages

4 / 5
© National
Nicolas Naizy Journaliste

À deux, Jean et Joseph décident de quitter leurs familles, foyers hostiles à leur homosexualité, pour gagner un refuge dans une maison abandonnée au cœur des montagnes du Lubéron. Les deux jeunes hommes sont aussi différents que complémentaires. Aventureux et plus extraverti que son compagnon, Jean rêve de poésie. C’est d’ailleurs pour se rapprocher de son idole “le poète” qu’il a choisi ce lieu reculé pour abriter leur amour et leur avenir. Narrateur de cet ermitage fragile et improvisé, Joseph tente de surmonter ses traumas à travers le dessin. S’ils vivent d’amour et d’eau fraîche, la précarité et le froid pèsent aussi sur le couple. À chacun ses rêves de liberté et de créativité, et l’un de mieux les assumer que l’autre. Dans cette histoire de deux garçons perdus, épris d’art et d’absolu, Jérôme d’Astier trace les rails qui se séparent progressivement d’une même voie. À l’insécurité de Joseph répond la fougue de Jean. À mesure qu’il s’éloigne, Joseph ressent l’hostilité d’un environnement jusque dans son propre corps, comme une blessure au doigt qu’il laisse s’aggraver. “Le souvenir de Jean est une morsure, une pointe qui me traverse.” Délicat et déchirant, ce court roman raconte l’effeuillement d’une relation sans jamais hausser le ton. Rien ne dure, semble nous souffler l’auteur, sinon le souvenir.

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