Rentrée littéraire: 8 romans de genre pour nous faire frissonner et voyager

Caryl Férey - © Getty images © GETTY IMAGES
Olivier Van Vaerenbergh Journaliste livres & BD
Philippe Manche Journaliste

De la Namibie aux Pouilles, de la Finlande à l’Amazonie en passant par Cuba et le New York du XIXe siècle, la rentrée promet bien des voyages. la preuve en huit romans de genre.

Terres noires

Terres noires

Terres noires

De Sébastien Raizer, éditions Gallimard/série noire, 272 pages. Parution le 14/09.

Après Les Nuits rouges et Mécanique mort, Sébastien Raizer clôt avec Terres noires un triptyque qui fera date à la Série Noire, consacré au “cœur noir de l’Occident” formé par la crise, le crime et la guerre. Celle d’Ukraine en l’espèce, qui par ricochets ultralibéraux a fait de la Lorraine et de Thionville “la plaque tournante de tous les trafics”. Une critique amère du capitalisme derrière le combat que se livrent un banquier d’affaires et un jeune loup de la mafia calabraise. Lutte parfois très WTF: on s’y torture à l’équarrisseur en récitant du Dostoïevski! (O.V.V.)

Le Chant des innocents

Le Chant des innocents

Le Chant des innocents

De Piergiorgio Pulixi, éditions Gallmeister, traduit de l’italien par Anatole Pons-Reumaux, 336 pages.

De jeunes collégiens bien sous tous rapports se mettent à assassiner -sauvagement- leur entourage. La première enquête du commissaire Strega (mais allez comprendre, la deuxième, sur quatre, à paraître en français après L’Illusion du mal) est à la mesure du nouveau phénomène du néo-thriller italien Piergiorgio Pulixi: moins de bouffe malgré la stature “depardieuesque” de son héros, pour plus de sauvagerie et de précision procédurière, avec un souci omniprésent du page-turning à l’américaine. (O.V.V.)

La Fête des mères

La Fête des mères

La Fête des mères

De Richard Morgiève, éditions Joëlle Losfeld, 432 pages.

Le nouveau roman dit réaliste de Richard Morgiève, après un détour/retour vers le polar (très) déjanté (Cimetière d’étoiles), n’en est pas vraiment un. Texte publié chichement il y a une dizaine d’années sous le pseudo de son héros Jacques Beuchot, cette Fête des mères, récit de vie et à rebours d’un petit Versaillais maltraité et très mal aimé, s’avère peut-être l’un des plus intimes et apaisés de l’auteur, entre Houellebecq et Bazin: “Il n’y a pas d’éternité pour l’amour mais des romans pour le raconter.” (O.V.V.)

Okavango

Okavango

Okavango

De Caryl Férey, éditions Gallimard/Série Noire, 544 pages.

Quinze ans après Zulu, Caryl Férey, poids lourd du roman noir hexagonal, retrouve le continent africain avec Okavango, titre emprunté au fleuve qui traverse la Namibie. Derrière un récit haletant au cœur des réserves de l’Afrique australe qui gravite autour du braconnage, de ses enjeux financiers colossaux, de ses méthodes mafieuses, mais aussi et surtout de la disparition des espèces animales, Caryl Férey signe un touchant et lumineux thriller politique et écologiste. (PH.M.)

Celles qu’on tue

Celles qu’on tue

Celles qu’on tue

De Patrícia Melo, éditions Buchet-Chastel, traduit du portugais (Brésil) par Élodie Dupau, 304 pages. Parution le 24/08.

Le récit, glaçant, d’une jeune avocate de la ville s’enfonçant dans l’État de l’Acre, “le ventre de la jungle” amazonienne, pour y suivre le procès des assassins d’une jeune indigène. Narrant les violences faites aux femmes autant qu’à la nature, “celles qu’on tue”, ce roman est bien plus qu’un polar, surtout lorsque la langue s’emballe, que l’héroïne s’essaie à l’ayahuasca, l’hallucinogène local, et que le récit bascule dans le réalisme magique. (O.V.V.)

Patricia Mello – © Getty images © GETTY IMAGES

Les Aiguilles d’or

Les Aiguilles d’or

Les Aiguilles d’or

De Michael McDowell, éditions Monsieur Toussaint Louverture, traduit de l’anglais (États-Unis) par Jean Szlamowicz, 520 pages. Parution le 06/10.

Suite et pas fin de la “Bibliothèque Michael McDowell”, entamée avec Blackwater, que Monsieur Toussaint Louverture a décidé de consacrer à cet inconnu connu des “paperbacks” américains, jamais publié en français, pourtant brouillon brillant de Stephen King. Tous les six mois sortira un de ses six romans gothiques écrits entre 1979 et 1983, à commencer par ces Aiguilles, récit du combat horrifique que se livrent à New York, en 1882, une famille de juges et de pasteurs et celle des Shanks, Peaky Blinders locaux.

La Revanche

La Revanche

La Revanche

D’Arttu Tuominen, éditions de La Martinière, traduit du finnois par Anne Collin du Terrail, 448 pages. Parution le 01/09.

Le polar nordique a encore de beaux restes: le Finlandais Arttu Tuominen en réinvente les codes en injectant à sa froideur procédurière des thèmes d’une modernité brûlante. Deux inspecteurs d’une petite ville balnéaire se voient ainsi chargés d’enquêter sur l’Envoyé, un illuminé homophobe qui vient de jeter une bombe dans une boîte fréquentée par la communauté LGBTQIA+. Souci: l’un des inspecteurs, jusque-là très mâle alpha, s’y trouvait incognito sous son identité de femme… (O.V.V.)

Ouragans tropicaux

Ouragans tropicaux

Ouragans tropicaux

De Leonardo Padura, éditions Métailié, traduit de l’espagnol (Cuba) par René Solis, 496 pages. Parution le 01/09.

L’avis est tranché, strictement personnel mais a priori définitif: la meilleure littérature criminelle est définitivement issue de l’Amérique centrale et en l’espèce de Cuba, avec la dixième enquête, déjà, de Mario Conde, l’ex-flic devenu bouquiniste -et écrivain à ses heures. L’île, depuis ses débuts, a bien changé, voire régressé, contrairement à l’ironie et la formidable écriture, entre érudition, gravité et humour, de son génie de géniteur Leonardo Padura. À la fois perle, petit-lait et caviar! (O.V.V.)

Leonardo Padura – © Philippe Matsas © PHILIPPE MATSAS

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