Critique | Livres

[La BD de la semaine] Daho – L’Homme qui chante, d’Alfred et Chauvel

© Delcourt
Olivier Van Vaerenbergh
Olivier Van Vaerenbergh Journaliste livres & BD

Alfred et Chauvel ont suivi trois ans durant la fabrication du dernier album d’Étienne Daho. Une plongée pop et poétique dans l’univers de l’artiste.

Pour tous les fans d’Etienne Daho, ce mois de novembre est important: outre un documentaire (suivi d’un concert enregistré au Koko de Londres) qui était diffusé le 21 novembre sur Arte (et toujours visible sur Arte+7), Etienne Daho vient de sortir L’Homme qui marche, son premier best of depuis 17 ans. Et s’il est cet homme qui marche, il est aussi L’Homme qui chante, figure centrale du nouvel album de bande dessinée d’Alfred et David Chauvel. Un album absolument hors norme, puisqu’il raconte la genèse de son dernier album studio, Les Chansons de l’innocence retrouvée, sorti en 2013, ainsi que la tournée Diskönoir qui lui a succédé. Résultat: un portrait proche de l’intime de l’artiste qui s’y confie sur ses rapports au texte, au son ou encore à Londres, là où furent enregistrés la plupart de ses nouveaux morceaux, mais aussi, peut-être surtout, une plongée dans les coulisses de la création, avec tout ce qu’elle comporte et qui dépasse largement un seul individu, fût-il attachant et instinctif comme Daho: enregistrements, répétitions, choix de la pochette, des singles ou du clip, promotion, marketing, image… Tout y passe, sans didactisme aucun.

Pop sur papier

[La BD de la semaine] Daho - L'Homme qui chante, d'Alfred et Chauvel
© Delcourt

Ce livre est « une véritable documentation sur le processus de création, explique lui-même Daho. C’est assez réaliste. Et j’aime particulièrement la manière qu’Alfred a trouvée pour évoquer la musique. Cela reste ludique, fidèle à la réalité, tout en allégeant les moments vraiment besogneux ou ingrats. Alfred et David ont eu accès à tout, mais m’ont laissé relire pour faire un travail d’épure dans mes paroles et mes pensées. » Et c’est effectivement ce travail d’épure qui impressionne et fait la réussite de cette BD unique en son genre, entre documentaire et récit affectif: malgré un chantier étalé sur plus de trois ans, de l’automne 2012 à l’été 2015, et d’innombrables entretiens en profondeur avec Daho mais aussi ses plus proches collaborateurs (le compositeur, le directeur artistique, l’ingé son, la responsable image…), cet imposant Homme qui chante étonne par sa respiration, Alfred multipliant les techniques, tout en épure, pour donner à cet album coloré la légèreté d’une chanson pop. Une apparence de légèreté et de poésie qui ne fait pourtant l’économie d’aucune péripétie, même les plus dramatiques, comme cette crise de péritonite aiguë survenue juste avant d’entamer la promo, et qui faillit tuer Daho. Au sortir de ces 144 pages à la fois concrètes et planantes, une irrépressible envie s’emparera en tout cas de tous les lecteurs, même non fans: réécouter d’urgence Les Chansons de l’innocence retrouvée.

PORTRAIT D’ALFRED ET CHAUVEL, ÉDITIONS DELCOURT, 144 PAGES.

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