Critique | Livres

Frankenstein s’invite chez Hellboy: sombre et brillant

Frankenstein Underground / Hellboy T.15: Hellboy au Mexique © Delcourt
Olivier Van Vaerenbergh
Olivier Van Vaerenbergh Journaliste livres & BD

COMICS | L’auteur de Hellboy se réapproprie le temps d’une mini-série la créature de Mary Shelley, tout en l’intégrant par la bande dans l’univers foisonnant de son héros fétiche.

Pas simple -mais toujours excitant- de s’y retrouver dans l’univers Hellboy. Née il y a 21 ans chez Dark Horse Comics, la créature à la peau rouge et aux cornes arrachées, ramenée des enfers par Raspoutine et les nazis puis recueillie par un scientifique américain, connaît aujourd’hui son quinzième album, en français et chez Delcourt, Hellboy au Mexique… Un nouvel album -reprenant comme toujours quatre à cinq fascicules Dark Horse, tels que publiés aux USA, plus des bonus- qui n’est en réalité qu’une pierre sur une montagne de plus de 50 volumes, constituée, en-dehors de la série-mère, d’au moins trois séries parallèles et presque autant de « one-shots », qui n’ont rien à voir -mais quand même- avec Hellboy. Ainsi cet excellent Frankenstein Underground édité quelques semaines plus tôt, et qui constitue une extension plus qu’une suite à un court récit faisant précisément partie de cette petite collection mexicaine aujourd’hui compilée: dans Hellboy au Mexique, celui-ci, bourré à mort, s’offre quelques matchs de catch bien locaux. Parmi ses adversaires, le monstre de Frankenstein. Un clin d’oeil devenu ensuite mini-série, cette fois centrée sur le monstre, qui se suffit largement à elle-même, mais qui fournit aussi aux amateurs quelques clés sur le héros cornu de Mignola, entre autres sur le « vril », ce feu secret qui habite Hellboy et les innombrables créatures qui l’entourent. Et qui forment aujourd’hui une des oeuvres majeures du comics fantastique, et de la bande dessinée.

Armée de talents

On reconnaît depuis longtemps à Mike Mignola, né en 1960, une grande érudition en termes de démonologie, d’ésotérisme et de mythologies les plus diverses, ainsi qu’un graphisme qui n’appartient qu’à lui, jouant sur les lignes brisées, les aplats de noir et les ambiances impressionnistes. Désormais, il faut aussi lui concéder un vrai talent de chef de meute: s’il assure les scénarios de toutes les séries Hellboy and Co, de B.P.R.D. à Witchfinder, Mignola n’assure plus au dessin « que » la suite de sa série principale, Hellboy en enfer. Le reste, il le délègue, mais avec un égal bonheur, à des compères triés sur le volet. Ainsi Ben Stenbeck qui assure entre autres ce Frankenstein underground, ou les auteurs qui se succèdent au dessin des épisodes de Hellboy au Mexique: Richard Corben, Mick McMahon ou les frères Moon s’y révèlent à la fois très différents et très complémentaires de Mignola, permettant à ce dernier de faire tourner une machine qui cartonne; rien que cette année, quatre nouveaux volumes viendront s’ajouter à l’univers Hellboy. Et le plus démoniaque, dans toute cette histoire, c’est qu’on ne s’en lasse pas.

FRANKENSTEIN UNDERGROUND, DE MIKE MIGNOLA ET BEN STENBECK, ÉDITIONS DELCOURT, 144 PAGES. ****

HELLBOY T.15: HELLBOY AU MEXIQUE, DE MIGNOLA, CORBEN, MCMAHON, FABIO MOON ET GABRIEL BA, ÉDITIONS DELCOURT, 144 PAGES. ****

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