Critique | Livres

Chronique livre: Matthew Stokoe – Empty Mile

Olivier Van Vaerenbergh
Olivier Van Vaerenbergh Journaliste livres & BD

POLAR | Etonnant Matthew Stokoe. La Série Noire publie son deuxième roman en français, après La Belle Vie, paru en 2012.

Chronique livre: Matthew Stokoe - Empty Mile

Un roman noir très noir, parabole trash sur l’envie dans les bas-fonds d’Hollywood, mais surtout oeuvre transgressive et ultra-violente, au point d’avoir été vendue sous blister en France et en Belgique, tant il y nommait l’innommable -tortures, incestes, coprophagie, etc. On était donc curieux de découvrir la deuxième traduction, toujours assurée par Antoine Chainas, de ce Britannique américanisé depuis longtemps. Et là, surprise -pour ne pas écrire déception: rien ou presque de tout ça! Empty Mile est le récit, certes noir mais classique, d’un retour au bercail raté et bientôt meurtrier: Johnny revient à Oakridge, « suburb » du nord de la Californie, après huit ans d’absence et un drame qui a coûté la santé mentale de son petit frère. Mais les éléments, parfois pervers, vont se liguer contre cet homme jeune mais perclus de culpabilité, au point de devenir la cible d’une vendetta des campagnes, comme on en a déjà vue ou lue beaucoup dans les polars ricains. Fini donc les spirales du vice, Stokoe prend tout le monde de court, y compris ses lecteurs, avec ce polar presque tendre et à contre-courant de ses premières productions -on attend toujours la traduction de Cows, ovni trash lui aussi. Un jeu de contre-pied dangereux: sans cet inévitable comparatif en tête, Empty Mile est un excellent polar de genre susceptible, cette fois, d’être lu par presque tous.

  • DE MATTHEW STOKOE, ÉDITIONS SÉRIE NOIRE GALLIMARD, TRADUIT DE L’AMÉRICAIN PAR ANTOINE CHAINAS, 420 PAGES.

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