Critique | Cinéma

The Mother of All Lies: la cinéaste marocaine Asmae El Moudir revisite les traumatismes de son enfance

3,5 / 5
3,5 / 5

Titre - The Mother of All Lies

Genre - Documentaire

Réalisateur-trice - D’Asmae El Moudir

Durée - 1 h 36

La réalisatrice marocaine Asmae El Moudir replonge dans les traumatismes et les souvenirs de son enfance avec le documentaire The Mother of All Lies.

Où sont passés les souvenirs de son enfance? Qui est cette enfant floue au second plan sur cette photo, la seule que sa mère lui ait transmise? Dans The Mother of All Lies, la cinéaste marocaine Asmae El Moudir décide de revisiter ses jeunes années, les événements traumatiques qui lui ont été cachés, les souvenirs qui lui ont été confisqués. Au cœur de tous les maux privés de mots, la journée du 20 juin 1981, ensanglantée par les émeutes du pain, la grande Histoire qui façonne les petites histoires. La réalisatrice imagine un théâtre de marionnettes, une maquette peuplée de figurines qui vont l’aider à faire émerger la vérité.

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Le temps d’une nuit, elle convie ses proches, à commencer par sa grand-mère, « la vieille dictatrice« , celle qui préside à tous les silences. La rencontre entre les modèles vivants et les poupées qui s’animent au fil des heures provoque des étincelles de cinéma, offrant un spectacle visuellement magnifique. Ce n’est pas une fictionnalisation du passé, c’est une reconstitution -bien que le terme anglophone reenaction semble plus juste, évoque le jeu, la performance. Le dispositif est fascinant, et malgré la prédominance de la mise en scène, et quelques longueurs, il permet d’incarner suffisamment le récit familial pour laisser place aux individualités.

Lauréat du prix de la Mise en scène à Cannes dans la section un Certain Regard, The Mother of All Lies évoque Les Filles d’Olfa de Kaouther Ben Hania, qui donnait à voir un documentaire en train de se faire, ou encore à Little Girl Blue de Mona Achache, ou Interdit aux chiens et aux Italiens d’Alain Ughetto, qui illustrent eux aussi la façon dont le cinéma contemporain s’empare des récits du soi dans une hybridité stimulante qui mêle démarche documentaire et outils de fiction.

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