Critique | Cinéma

Perfect Days: un concentré de poésie signé Wim Wenders

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© 2023 MASTER MIND Ltd
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Titre - Perfect Days

Réalisateur-trice - De Wim Wenders

Casting - Avec Koji Yakusho, Tokio Emoto, Arisa Nakano.

Durée - 2 h 03

Jean-François Pluijgers
Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

On connaît le rapport privilégié de Wim Wenders au Japon, et au cinéma de Yasujiro Ozu en particulier, auquel il consacrait en 1985 le documentaire Tokyo-Ga. S’il décale son titre d’une chanson de Lou Reed (reprise dans le soundtrack, au même titre que Sunny Afternoon des Kinks, ou Redondo Beach de Patti Smith), Perfect Days s’inscrit dans ce tropisme nippon, tant par son cadre que par sa texture.

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Le cinéaste y met le cap sur Tokyo afin de tirer le portrait d’Hirayama (Koji Yakusho, formidable, et récompensé du prix d’interprétation à Cannes), préposé à l’entretien des toilettes publiques de la ville. Un individu solitaire, dont la vie est régie, du réveil au coucher, par des routines en apparence immuables, aux ablutions matinales succédant le trajet accompli dans sa petite camionnette au son de cassettes vintage; à l’entretien minutieux de sanitaires qui sont autant de petits bijoux d’architecture, le déjeuner sous les frondaisons d’un arbre qu’il ne se fait faute de photographier avec son vieil Olympus; au passage vespéral par les bains publics, la lecture de son roman hebdomadaire. Le tout relevé d’un sens de l’observation et d’une attention aux autres particulièrement aiguisés, et d’une capacité à l’émerveillement ne l’étant guère moins, dispositions l’aidant à apprécier les menues variations que l’existence s’ingénie à apporter malgré tout à son quotidien…

De ce schéma de facture modeste, Wim Wenders tire un maître film, un concentré de poésie où il procède d’ailleurs par rimes, avec le cinéma d’Ozu bien sûr (Hirayama, le patronyme du protagoniste principal, renvoie d’ailleurs à celui du personnage central du Goût du saké), comme avec ses œuvres de jeunesse, Les Palmiers sauvages, l’ouvrage de Faulkner que lit Hirayama, étant le même que celui parcouru par Rüdiger Vogler dans Au fil du temps. Manière d’inscrire Perfect Days au confluent de la bienveillance et de la mélancolie, en une célébration inspirée des petits moments d’une existence puisant dans son apparente banalité un puissant appel d’harmonie. En découle une œuvre en suspension, un manifeste zen ayant le don d’absorber le spectateur. Quelque chose comme un jour parfait, en somme…

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