Critique | Cinéma

Le film de la semaine : Bardo, les questions d’Iñárritu

3,5 / 5
© National
3,5 / 5

Titre - Bardo: fausse chronique de quelques vérités

Genre - Drame

Réalisateur-trice - Alejandro González Iñárritu

Casting - Daniel Giménez Cacho, Griselda Siciliani, Ximena Lamadrid

Sortie - En salles et à partir du 16/12 sur Netflix

Durée - 2h39

Jean-François Pluijgers
Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

Le cinéaste mexicain livre son autoportrait déguisé sous les traits d’un journaliste-documentariste traversant une crise existentielle.

Sept ans après The Revenant et sa couronne d’Oscars, Bardo: fausse chronique de quelques vérités consacre les retrouvailles d’Alejandro González Iñárritu avec le cinéma, mais aussi le Mexique, où il n’avait plus tourné depuis Amores perros, le film qui le révélait en l’an 2000. Autant dire que l’entreprise tient du retour aux sources, et qu’il est d’ailleurs fort commode de voir en Silverio Gama (Daniel Giménez Cacho), son protagoniste central, un alter ego (à peine) déguisé du réalisateur.

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Terme tibétain, Bardo fait référence au concept bouddhiste d’un état intermédiaire entre la mort et la renaissance. Et c’est bien de cela qu’il retourne alors qu’on découvre Gama, journaliste-documentariste mexicain vedette, de retour au pays pour y recevoir un prix prestigieux après un exil américain de 20 ans. L’occasion, bien sûr, de reconsidérer son parcours, les souvenirs, réels ou fantasmés, n’en finissant plus d’affluer au gré d’une déambulation où réalité et fiction se mélangent tandis que passé et présent se confondent. La toile de fond d’une crise existentielle où, aux questions sur son identité, viennent se greffer des considérations sur sa culpabilité d’exilé privilégié. Et d’autres sur l’Histoire du pays, et notamment la guerre américano-mexicaine des années 1840…

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Un pendant virtuose à Birdman

À l’instar d’Alfonso CuarÓn avec Roma, c’est à un exercice éminemment personnel que se livre ici Iñárritu, dans un film dont la pâte autobiographique manifeste ne va pas sans une certaine mélancolie. S’il laisse libre cours à ses interrogations, le réalisateur de Babel les rapporte aussi à l’état du monde, à ce point mal barré qu’un bébé pourrait fort bien refuser d’y voir le jour, constat trouvant une expression cinématographique brillante. Oscillant entre satire grinçante -on est là dans un univers où Amazon a racheté la Basse-Californie, pour situer-, farce baroque et drame intime, Bardo est aussi une plongée dans l’inconscient de son protagoniste, Iñárritu s’autorisant des envolées oniriques tout en lâchant la bride à son imagination. Pour un résultat foisonnant et visuellement époustouflant venu rappeler le metteur en scène et en images d’exception qu’il est incontestablement. Une qualité n’allant toutefois pas sans son revers, un penchant démonstratif qui est aussi l’une des marques de son cinéma, et une tendance à étirer les choses au-delà du raisonnable -pas loin de 3 heures quand même. Ces réserves formulées, il y a là, affirmée dès une magistrale scène d’ouverture en lévitation, une vision sans véritable équivalent, pour un film tenant tout à la fois de l’autoportrait et du pendant virtuose à Birdman. À voir de préférence sur (très) grand écran…

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